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terresdartois
1 février 2021

Veni Creator Spiritus

PENTECÔTE 2020 

 

pentecot small200

veni creator

Colombe  ou langues de feu,  descends sur nous,  Pneuma, Souffle, Inspiration,  Veni Creator Spiritus. « Viens Souffle Créateur »

 Actes  des Apôtres2:1-4v

 

ΠΡΑΞΕΙΣ ΑΠΟΣΤΟΛΩΝ     2

 

ACTES     2

 

1

Καὶ ἐν τῷ συμπληροῦσθαι τὴν ἡμέραν τῆς Πεντηκοστῆς, ἦσαν ἅπαντες  ὁμοθυμαδὸν ἐπὶ τὸ αὐτό.

 

Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous ensemble dans le même lieu.

1

2

Καὶ ἐγένετο ἄφνω ἐκ τοῦ οὐρανοῦ ἦχος ὥσπερ φερομένης πνοῆς βιαίας, καὶ ἐπλήρωσεν ὅλον τὸν οἶκον οὗ ἦσαν καθήμενοι.

 

Et il se fit tout à coup, du ciel, un bruit semblable à celui du vent qui souffle avec violence ; et il remplit toute la maison où ils étaient assis.

2

3

Καὶ ὤφθησαν αὐτοῖς διαμεριζόμεναι γλῶσσαι ὡσεὶ πυρός, ἐκάθισέν  τε ἐφ’ ἕνα ἕκαστον αὐτῶν.

 

Et des langues séparées, comme de feu, leur apparurent et se posèrent sur chacun d'eux.

3

4

Καὶ ἐπλήσθησαν ἅπαντες  πνεύματος ἁγίου, καὶ ἤρξαντο λαλεῖν ἑτέραις γλώσσαις, καθὼς τὸ πνεῦμα ἐδίδου αὐτοῖς ἀποφθέγγεσθαι.

 

Et ils furent tous remplis de l'Esprit saint, et ils commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer.

4

 Lartesien vaticine-t-il? Un confinement  trop réussi et le voilà pris d’un accès de   glossolalie façon pentecôtistes ?- Juste un léger coup de folie : puisque c’est Pentecôte, l’envie de célébrer à pleins poumons cette hymne du IXe siècle  que j’adore, allez savoir pourquoi. Je vous en livre  en note une version canonique, dans une vidéo archaïque mais un vrai collector puisque le cadre en est la Notre-Dame de Paris « d’avant ».

       Que l’Esprit souffle sur nous un vent de liberté retrouvée et d’inspirations  nouvelles. Profitons-en, gardons quelques moments nos illusions et nos espoirs.  «  Demain sera comme avant en pire » dixit  le vieux druide sceptique Le Drian avant que notre Houellebecq national n’en fasse son slogan. Les grincheux (ou les réalistes)  peuvent s’en tenir à la sainte du jour, Pétronille, dont le nom a inspiré une sagesse paysanne, toujours rabat-joie,    mais inventive  à souhait pour le coup:

    À Sainte-Pétronille, il n'y a pas de haies sans chenille. 

    Pluie de Sainte-Pétronille, les raisins deviennent grappilles ou tombent en guenilles.

     Quand il pleut le jour de sainte Pétronille, c'est que la sainte mouille sa guenille

    S'il pleut à la Sainte-Pétronille, le blé diminue jusqu'à la faucille

In memoriam : 31 mai 1836,  naissance de Jean-Baptiste  CLÉMENT, l’auteur bien sûr du Temps des cerises,   mais aussi  parolier de  l’âpre Semaine Sanglante écrite à chaud, au lendemain de la liquidation des barricades par les troupes versaillaises sous l’œil bienveillant du vainqueur prussien. Épisode  honteux, fondateur de la troisième République,  constamment mis sous le boisseau  par toutes les Républiques et relégué en fin d’année par les programmes scolaires. Le bilan total de la Semaine sanglante est d'environ

Eugène_Atget_-_Mur_des_Fédérés_en_1900_-_Père-Lachaise

31 mai 1920 l'huma

31 mai 1920 petit parisien la commune

20 000 victimes, sans compter 38 000 arrestations. Soit à peu près autant que la guillotine sous la Révolution.

Quel rapport avec la Pentecôte ? Un coup du hasard, une fois de plus. Voulant seulement savoir ce qui faisait l’actualité il y a un siècle, le 31 mai 1920,  je suis tombé sur ce pan d’Histoire. En ce temps-là, la gauche venait rituellement  célébrer la mémoire des 147  « fédérés », ces communards cernés dans l’enceinte du cimetière du Père Lachaise, capturés le soir du samedi 27 mai 1871, conduits contre un mur de clôture, dans le sud-est du cimetière, et fusillés sans procès. La dernière barricade, défendue par Eugène Varlin et Jean-Baptiste Clément, tombera le dimanche 28 mai, rue de la Fontaine-au-Roi  dans le même quartier.

       En 1920, la commémoration avait eu lieu le dimanche 30 mai. Même  Le Parisien du 31 mai n’avait pu faire l’impasse sur   l’événement  qui occupe évidemment la Une de L’Humanité,  journal  encore unitaire en attendant que  le Congrès de Tours en septembre officialise la scission  et le transforme en organe des majoritaires partisans de l’adhésion à la IIIe Internationale, les communistes.  L’Esprit souffle où il veut  mais les congressistes auraient bien eu besoin  d’entonner en préambule de leurs travaux, après l’Internationale,  un vibrant Veni Creator: c’est de tradition chez les cardinaux qui rentrent en conclave pour élire un nouveau Pape. Avec des résultats  d’ailleurs   pas toujours probants  et de toute façon à Tours   on  était alors dans un remake de tragédie grecque ou dans une avant-première de Règlement de compte à OK Corral plutôt que dans la bande annonce du  Petit Monde de don Camillo. Pourtant Léon Blum et Marcel Cachin  se faisant applaudir sur fond de chant grégorien,  quel scoop pour les actualités Pathé ! Il faudra attendre mai 36  et le Front Populaire pour voir Léon (Blum) et Maurice (Thorez) se congratuler au pied du mur des Fédérés.

    C’est le 23 mai 1880, deux  mois avant l’amnistie  des communards  qu’a lieu la première manifestation  pour  commémorer  la Commune par un défilé devant le mur des fédérés. Le dispositif policier décourage les velléités de rassemblement.  Pas de discours, des  bouquets rouges, des immortelles rouges ou jaunes, des couronnes rouges que les agents demandent de dissimuler… . « Une manifestation avortée » ricane  en page intérieure le Figaro du 24 mai. Le rituel cependant se met en place.

     En 1880,  la Pentecôte était  tombée le 16 mai. Le 31 mai, le calendrier de l’époque affichait la Sainte Angèle. Pétronille ne l’avait pas encore évincée.  On était lundi ; ce fut le jour où Gérard MARTINACHE et Adélaïde TISON  officialisèrent leur union  devant le maire de Lens, au cœur du bassin minier. Encore une coïncidence: le numéro précédemment cité du Figaro publiait en  Une   un reportage sur « les gens du Nord » je les connais ches fieux du Nord…ces va-trop de filatures qui sont une des richesses de la France, ces travailleurs qui se plaignent tant d’être exploités, et qui se laissent exploiter par les promesses menteuses des meneurs de grèves ». Notre idéologue-ethnographe qui signe "Jean" s’intéresse au picard: il cite une version du p’tit quinquin, et d’autres canchons de Brulemaison et Desrousseaux.  Il parle surtout des filatures, à peine des mines. Un proverbe l'a frappé: pays de pluie, pays de suie, pays de suie, pays de truie. Pays de charbon, pays de cochon. Prenant argument du fait que les intéressés se condamnent ainsi eux-mêmes, il n’hésite pas à désigner le Nord comme une  contrée d’alcooliques « sous une forme grossière, c’est bel et bien la loi physiologique d’après laquelle les peuples du Nord sont fatalement des peuples d’ivrognes, cette loi qu’on pourrait formuler d’une façon plaisante en disant que plus les climats sont humides, plus les gosiers deviennent secs ».  

     

martinache arbre

martinache 1843 signat frères

  Voilà nos jeunes mariés habillés pour l’hiver !  Qu’importe  pourvu que  la bière ait coulé à flots, blanche, brune ou blonde et que la noce  s’en  soit mise « jusque-là » comme on dit dans Offenbach.  Les MARTINACHE   - qui coexistent avec des Martinage- ne sont pas de ma famille mais je les ai rencontrés  à l’occasion de l’émigration manquée de certains DAUCOURT partis quelques mois  aux USA. Jean-Baptiste MARTINACHE le père,  était déjà mineur, du côté de Douai et de Valenciennes. Mineurs  aussi seront  les trois garçons – pour leurs  quatre sœurs  la documentation manque alors que les dossiers militaires  de leurs frères fourmillent de détails. Ils sont  de petite taille, comme souvent à l’époque ; ils ont de l’instruction sauf Édouard.  Jean-Baptiste, un blond d’1,63m aux yeux gris  fait la totalité de son service  de deux ans, participe à la guerre de 70 bien qu’on reconnaisse son statut de fils aîné d’une veuve chargée de 6 enfants.  Avec l’âge il prend du galon, devient porion. Il meurt à Sallaumines en 1929, à 80 ans. Une forte constitution ! Édouard (cheveux châtains, yeux gris, front haut) mesure tout juste 1m 57 et semble illettré. Il a devancé l’appel et intègre le 10ème bataillon de chasseurs à pied de Lille. Il fait régulièrement ses périodes et se marie deux fois.

      Au tour du cadet maintenant, Gérard le marié du 31 mai : il sort de l’ordinaire, pas seulement parce que c’est un poil de carotte : roux les cheveux,  roux les sourcils, les yeux même  d’après l’auteur du signalement! C’est le plus grand des trois : 1m66 ; comme l’aîné Jean-Baptiste, il maîtrise bien l’écrit. Déclaré bon pour le service, il en est dispensé, son frère étant sous les drapeaux. Avant son  mariage, il reste dans le bassin minier autour de Lens et de  Bruay tout en changeant plusieurs fois   de sites, comme beaucoup de ses camarades.  Et puis  il y a cette escapade étrange  aux îles Féroé, qui dure assez longtemps pour être signalée à l’autorité militaire. À part des moutons et des paysages  époustouflants, qu’est-ce qui a bien pu  attirer notre jeune mineur chti  dans ces désolations éparpillées entre Islande et Écosse? Une  offre alléchante dans une mine improbable ? Ce n’est qu’un faux départ. Il faut d'ailleurs revenir: un bébé est en route  -voulu ou non-,  fruit d’une liaison avec Adélaïde -une fille de Lens sans histoire, bien jeune (19 ans) plutôt seule à Lens : en dehors de papa et maman, les témoins au mariage ne sont que des connaissances du marié. L’enfant  naît   mi-mai 1880 ; mariage quinze jours après avec légitimation du nouveau-né prénommé Marie, tout simplement, conçu sans péché bien entendu. Mais la leçon est retenue : plus d’imprudence : la naissance suivante se produira neuf ans après,  et aux États-Unis.

       Le  grand départ a eu lieu dès 1881 : le dossier militaire enregistre une nouvelle adresse le 17 septembre 1881 à « Colinville, Amérique du Nord », entendre Collinsville,  Illinois où existe peut-être un consulat. Nouveau signe de vie en juin 1889 : Joe,  brave petit américain naît à Leigh, Oklahoma, peut-être bien en coûtant la vie à sa mère (elle décède la même année). Pourquoi cette installation à Leigh, en plein territoire indien ?  La bourgade  enfle en vingt ans : 1500 habitants en 1870, 6500 en 1880, 10000 en 1890, atteignant son niveau actuel. Le secret ? Elle se situe le long de la ligne de chemin de fer que construit la Pacific Union.  Peut-être Martinache  s’est-il laissé séduire par l’intense campagne que  la compagnie mène  en Europe  pour vendre dans des conditions avantageuses d’installation les terres qu’elle détient tout au long de sa ligne.  Fermiers  ou ouvriers, il y a du travail pour tous. Scandinaves, allemands, tchèques, italiens se ruent sur l’occasion. Lors de son passage au Danemark, notre chti a pu avoir connaissance de cette propagande et  nourrir ce rêve d'émigration.   

      

Usa leigh

Fin 1889, devenu veuf   avec deux enfants   le nordiste n’est pas seul au monde dans cet exil volontaire : il peut compter sur la poignée de français, des chtis en majorité, que compte Leigh: je vois qu' un an après,  en 1891,  il se remarie  à Pittsburg, Oklahoma avec Rosalie BERTIN. C'est une émigrée récente native de Sallaumines qui vient de perdre son mari, un autre mineur nordiste, François MOURA, écrasé par une locomotive.  Ce Pittsburg-là n’est qu’un village de pionniers  en territoire indien. Établi au bord d’une ligne de chemin de fer, son activité repose sur l’exploitation de mines.  Du moins  était-ce l’espoir des promoteurs  Le ménage était venu   quatre ans avant avec un bébé et avait eu ensuite deux autres enfants dûment estampillés  made in USA, Henry et Clem.

       Tous les demi-frères et sœurs  de cette famille recomposée vont faire souche et mourront aux États-Unis  à Knoxville, Iowa ou dans la région de des Moines. Ont-ils réussi ?   Survécu plutôt. Au recensement de 1911 à Knoxville, Gérard MARTINACHE est fermier, les deux garçons qui restent au foyer, Clem et Gérard-Jr , sont mineurs.  Martinache meurt  fermier à 62 ans, en 1921,  sa seconde femme Rosalie BERTIN lui survit 30 ans. Quant aux enfants de son premier mariage, Marie meurt à Leigh dès 1919 et Joe disparaît avant la cinquantaine à Williamson (West Virginia)   nœud ferroviaire et centre minier. Rares   sont  les nordistes qui ont tenté l’aventure  américaine, au prix du déracinement.  Voilà qui brouille  quelque peu l’image d’un   Nord  industriel en mal de main-d’œuvre, dévorateur au fil  de son développement de belges, de polonais, de marocains.

                                                         ----o-o-o-o-o-o-o----

-Veni Creator:      https://www.youtube.com/watch?v=gQGBMl_CGQ

 -J-B Clement "La Semaine Sanglante"   Sur l'air du Chant des Paysans de Pierre Dupont.

https://www.youtube.com/watch?v=djuLvrGSFiI

Herodote.net la semaine sanglante

https://www.herodote.net/28_mai_1871-evenement-18710528.php

 

 

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