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terresdartois
28 mai 2021

1871 -1921 semaine sanglante

 à chacun son cinquantenaire

  

1871

communards nus ds leur cercueil

1871 1 juin gaulois arrestations

 

 

1871 1 juin gaulois arrestations-001

Dernières nouvelles,ultimes images de la normalisation grâce au reporter du Gaulois : Une ville occupée militairement mais la traque se poursuit sans pitié dans les chapelles funéraires du Père Lachaise – qui servent à l’occasion de popote. Les cadavres

1871 1 juin le Gaulois le Père lachaise après

1871 1 juin le Gaulois Paris la nuit

disparaissent peu à peu dans les fosses communes, certains complètement dénudés  sont mis en bière et photographiés dans une macabre mise en scène ambiguë : dernier hommage, voyeurisme, exemplarité du châtiment ? Les  prisonniers continuent à affluer à Versailles, grâce à l'empressement  des Prussiens qui empêchent toute fuite par le Nord et  par l’Est de Paris. Bilan: 6.500 morts au bas mot selon la dernière évaluation qui reprend un chiffre longtemps contesté  car il s'appuyait uniquement sur les registres d'état civil alors qu'en 1920 on retrouvait encore des fosses communes. 10.000? 20.000? En une semaine. On a lâché la troupe... Un mur au Père Lachaise, lieu des dernières exécutions sommaires  va devenir un lieu de pélerinage, - le Mur des Fédérés.

   1921.

mur des fédérés 1900 adget

50 ans ? ce n’est rien .. Aujourd’hui, il suffirait de remonter à 1971. De l’Histoire récente en somme mais  une  grande fracture devait brouiller le souvenir : la Grande Guerre et ses atrocités,  son hécatombe humaine, ses bouleversements sociologiques rejettent dans les lointains la guerre franco-prussienne et les soubresauts  qui en résultèrent. Autre difficulté dans la transmission : la saignée qu’avait opérée la répression chez les communards les plus déterminés;  s’ajoutant à une espérance de vie d’à peine 45 ans, les anciens communards devaient être une espèce rare.  Même  si les quartiers populaires de 1920  gardent  inscrit dans leur réalité matérielle le souvenir quasi inchangé du Paris de la Commune,  cet épisode  de quelques mois n’aura  concerné que la capitale alors que la guerre franco- prussienne puis l’occupation des "uhlans" avaient bien davantage marqué les esprits dans les campagnes. Restait un impondérable   qui , dans une couche de la société  pouvait triompher de toutes les raisons objectives d’oublier : la vigueur d’un mouvement socialiste, qu’attestaient la Révolution d’Octobre ou le bouillonnement allemand, tout comme en France la virulence des des revendications ouvrières ... et des luttes intestines .

             Facile dans ces conditions pour la presse grand public de  trouver la parade : ignorer ou banaliser l'événement.

1921 21 mai le temps anti manif socialo

Silence du côté de  L’Intransigeant,  de  Paris-Soir ou du docte Journal des débats. En Algérie, aussi bien  l’Écho d’Alger que  L’Écho d’Oran  font un récit circonstancié de  ce qu’ils dénomment sans détour  « L’anniversaire de la Commune ». « Au Mur des Fédérés » titre (en première page ) Le Figaro du 30  qui assaisonne

1921 29 mai la Presse une

1921 30 mai echo d'oran la commune

 son article de quelques remarques perfides « cortège moins bruyant que les années précédentes, et même monotone », qualifie les anarchistes  de «  sans-patrie » et se félicite de « la modération » constante de la police.  La Presse journal du soir insiste le 30 sur  les  perquisitions qui visent  la campagne antimilitariste du PC .  Le Temps joue les pères la vertu  dans l'esprit de "l'union sacrée":  ton modéré  et raisonnable, papelard en diable,  pour récuser  l’idée même  de  commémoration. Il s’en prend essentiellement aux socialistes – bien peu redoutables, empêtrés qu’ils sont dans leur dissidence; les communistes sont à peine nommés  (ils répliqueront cependant vertement) :  commémorer? -  mais quels événements d’ailleurs ? - « d’anciennes luttes civiles » qu’il faut oublier  « UNE MANIFESTATION » dès le titre le ton est donné. […] L'idée de l'hommage à rendre aux morts, à ceux qui se sont sacrifiés  à une cause, fût-elle la plus détestable de toutes, est respectable en soi, et personne ne songerait à faire grief aux socialistes, qui se plaisent à se considérer comme les héritiers des hommes de la Commune, d'apporter simplement un pieux souvenir à ceux qu'ils appellent leurs « glorieux martyrs ». Mais nul n'ignore que le défilé devant le « mur » est, dans la tradition socialiste, autre chose qu'un hommage aux morts, qu'il est surtout une affirmation de la volonté révolutionnaire. […]. Le moment semble particulièrement mal choisi pour glorifier la Commune, alors que 1’union de tous les Français s'impose plus que jamais et que le devoir est d'écarter de l'esprit des foules tout rappel des anciennes luttes civiles qui ont si douloureusement meurtri la patrie […]  Ce qui peut dresser les esprits et les cœurs les uns contre les autres constitue une faute grave à cette heure de notre histoire.

      Bien évidemment, pour les frères ennemis de la famille de gauche,  le rendez-vous est central. on bat le rappel de toutes les manières. 

     

1921 22 mai 1le popu une

La SFIO et Le Populaire  ont choisi le 22 mai, début de la semaine sanglante, et le  monument aux morts de la Commune au cimetière Montparnasse, pour éviter l'affrontement ave les majoritaires qui l'ont emporté en décembre 1920 au Congrès de Tours. La plaie reste béante . La Une de ce 22 mai est particulièrement travaillée. Trois illustrations frappantes de la répression, les corps malmenés par la troupe ou qui tombent sous les fusillades. Au centre un poème de notre gloire nationale, réquisitoire terrible et message d’espoir

[…] Je dis que la société
N'est point à l'aise ayant sur elle ces fantômes.
Que leur rire est terrible entre tous les symptômes,
Et qu'il faut trembler, tant qu'on n'aura pu guérir
Cette facilité sinistre de mourir.[…]

 La vie ouvrant de force  un ventre déchiré,
A pour commencement une auguste souffrance.   Victor HUGO (L'Année terrible)

 Sollicité de témoigner (probablement par Léon Blum lui-même) le sulfureux Arthur Rimbaud   délivre  un message à la poésie sauvage et désordonnée. Léon,  de son côté, signe un éditorial rassembleur  où je note cette réponse anticipée par-delà le siècle à Pierre Nora (commémorer Napoléon oui, la Commune, non a décrété l’académicien, spécialiste estimé des lieux de mémoire) Si la République officielle était capable de quelque gratitude, elle fêterait leur mémoire avec nous au lieu de leur jeter l'outrage. Mais nous ne demandons pas pour eux la consécration des pouvoirs publics. Nous laissons au gouvernement l'anniversaire de Napoléon. Nous gardons pour nous celui de la Commune. Il reste notre bien et notre héritage. Sur les colonnes de droite, l’Histoire ressurgit : le « travail » des tribunaux après la répression, un témoignage sur le traitement des prisonniers à Versailles: parqués sous la pluie, au moindre geste, ils sont mitraillés. 

          L’Humanité du 29  fait  son devoir de mémoire  et de pédagogie: cinq colonnes à la Une« glorifions

1921 9 mai L huma le mur

NOS morts »,  éditorial «ce que dit le mur » accompagné  d’une scène d’exécutions sommaires à la caserne Lobau (derrière l’Hôtel de Ville), appel au grand rassemblement

1921 30 mai l' huma

au mur des Fédérés du Père Lachaise.  Le lendemain, Une triomphaliste du Parti sur le nombre de participants énumérés par sections de villes,  départements, et syndicats « Un défilé  de trois heures devant le mur »  . Les photos mettent en valeur les différentes instances de l’appareil.  « À tous les instants, du Mur, Camélinat lance un retentissant « Vive la Commune ! » auquel la foule répond par un magnifique « À bas la guerre ! ». Aucun discours, et pour cause: ‘c'est à cette condition que la manifestation avait été autorisée et le préfet en personne y veillait.  "OPA "du Parti sur la Commune, sur le Mur des fédérés en tout cas….Il est vrai que la présence de Camélinat, « le bon papa Camélinat », « notre vaillant et

camelinat_cachin_sadou_vaillant_thorez-270b2

cher doyen Camélinat » et de quelques anciens de la Commune  en chair et en os valent tous les ouvrages d’Histoire. Mais pourquoi ne figurent-ils  sur aucun des trois clichés  (de mauvaise qualité  il est vrai mais pas de barbe blanche en vue) ? Je réparerai donc  cet oubli, comme il fut réparé par la suite. On en retirera cette leçon : les "anars" ,  priés par les "gros bras" du parti de rengainer leur drapeau rouge  se sont rattrapés en fondant sur un patronage  qui passait par là à l’étourdi en revenant d’une procession  de la Fête-Dieu (  mais deux cents jeunes scouts défilant  dans le quartier clairon , tambour  et drapeau tricolore en tête, était-ce bien raisonnable, et bien innocent, Monsieur le Préfet de police ?) ont justifié l’intervention de la police qui n’attendait qu’un prétexte et surtout, beaucoup plus grave, les perquisitions du lendemain…

mur des fédérés 1913 jaurès et vaillant

Je veux rester sur deux images d’un mur Fédérateur , comme , il

mur des fédérés 1936 Blum et Thorez

l’était, avec gravité sous la houlette de Jaurès en 1909, et à nouveau au moment du front populaire, dans la joie débridée de 600.000 personnes lorsque, se côtoyaient, mariage de la carpe et du lapin Maurice Thorez tout sourires  et Léon Blum agitant les bras .

        Mais  tandis que les classes populaires célèbrent leurs luttes passées et futures, en cette fin mai de 1921, du côté de Guermantes, antinomie parfaite du Paris populaire, une tout autre stratégie veut sauvegarder l’ordre des choses : dans les quartiers chics de l’Ouest on sait s’amuser intelligemment  grâce aux galas de bienfaisance qui draineront  des fonds afin « de recueillir des enfants pauvres, de leur donner une éducation conforme à leur condition sociale, d’en faire d’honnêtes gens, de laborieux artisans ». Et comme les hasards de l’actualité récompensent le fouineur, à des milliers de  kilomètres de  Paris, de l’autre côté de

1921 29 mai excelsior Carpentier et son chien usa

1921 29 mai excelsior ballet chi phot

l’Océan, grâce à  la modernité d'Excelsior d’autres Frances surgissent : un cliché improbable  en dandy fin de siècle adorné de deux "maous costos" de Georges CARPENTIER,  gloire  sportive  de la boxe, une discipline qui enthousiasme la France entière,  toute classe sociale confondue.  Et du côté de la science, un génie qui  doit sa gloire internationale  à son intelligence , à son intuition et à son courage, femme exemplaire  et mère de plein exercice : l’air pas commode, Marie CURIE se prête  quand même au jeu de la séance photo sur le pont de "l' Olympic" avec ses deux filles,  Irène - aussi boudeuse- appelée à marcher sur ses traces et Eve pianiste virtuose et diplomate, accompagnées d’une américaine beaucoup plus à l’aise avec les medias. Recevoir deux fois le prix Nobel  dans des domaines  scientifiques de pointe : un phénomène, qui méritait bien le titre de docteur honoris causa  outre Atlantique. On ne va pas jeter la pierre aux "scarabées" de la Comtesse de Béhague qui n’ont eu que la peine de naître. À chacun.e sa croix et son karma.

1921 22 mai excelsior Marie Curie et ses deux filles bis

Des raccourcis réjouissants quand même !

 

L’Huma du 29 mai : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4000486/f1.item.zoom

Le Populaire du 22 mai  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k817695n.item

Le Temps 21 mai :  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k244382w/f1.item.zoom

Camélinat : https://maitron.fr/spip.php?article24586

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