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terresdartois
3 novembre 2022

ABCDoc-70 R U I N E S / S comme S O U L A G E M E N T

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R U I N E S

 La visite des ruines laissées par les  bombardements prussiens et versaillais puis  par les incendies

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de la Commune devient une véritable industrie. Les parisiens au premier chef mais aussi les provinciaux et les britanniques se pressent en troupes nombreuses.  De quoi redresser l’économie de la capitale.  De nombreux albums sont édités. Le guide Joanne, ancêtre du Guide bleu ajoute des préfaces actualisées  . La poétique des ruines mise à la mode par le  XVIIIème siècle finissant et par  la sensibilité romantique y trouvent un objet de choix , sans compter la fascination pour la rapidité avec laquelle la capitale jalousée  de l’art et du divertissement  a pu devenir en quelques mois une réplique de Pompéi: ces ruines ont déjà la majesté que d’ordinaire seul le temps donne à l’œuvre des hommes. Cette fois, quelques heures ont produit le lent travail des siècles."(Louis Hénault) . Théophile Gautier analyse avec lucidité les sentiments mêlés  qui s’emparent du parisien attiré par le spectacle  incroyable qu’offrent  l’ Hôtel de ville ou le Palais des Tuileries « Par un sentiment qu’on nous reprochera, mais que nous pardonnera tout artiste, parce qu’il l’eût à coup sûr éprouvé, nous fûmes avant tout frappés de la beauté de ces ruines. […] . Que reste-t-il de cette beauté naguère si splendide qu’admirait et jalousait le monde ? Que garde de sa physionomie d’autrefois ce visage balafré et marqué d’affreuses brûlures ? Ne vaudrait-il pas mieux conserver intacte dans sa mémoire cette grande, noble et charmante figure telle qu’elle était avant le désastre ? Sans doute. Mais  [...]  la curiosité de l’horrible vous prend malgré vous, et après avoir résisté quelque temps, on va faire comme les autres son tour de ruines.        

Théophile Gautier, Tableaux de siège. Paris 1870-1871 )

  Les photographes sont à la fête. Empêtrés par la lourdeur de leur matériel qui les privait  de reportages sur le vif, ils  avaient dû se contenter de reconstitutions ou  de parades des insurgés sur les barricades. Ils peuvent désormais à loisir  planter leurs appareils encombrants sur les ruines calcinées de Paris comme s’il s’agissait des vestiges archéologiques de Rome ou d’Athènes. Plus d’un auteur  de guide se prend pour   Néron assistant à l’incendie de la Ville Éternelle. Le feu est un ouvrier de génie. Une merveille nous attend [dans la rue de

photographes 1871 Robida journal amusant

Rivoli]… Le Ministère des Finances qui n’avait jamais été qu’un monument médiocre est devenu une ruine superbe. De cette masse uniforme, géométrique, insolemment régulière, il a fait un édifice mouvementé, décoratif, intéressant. » (Ludovic Hans et J.J. Blanc, Guide à travers les ruines: Paris et ses environs, 1871, p. 8 ). « Ruiné, incendié, et dévasté, l’Hôtel de Ville reste du moins la plus superbe des ruines parisiennes. Son harmonie primitive a fait place à un pittoresque et funèbre désordre qui serre le cœur, tout en offrant aux yeux un de ces spectacles horriblement beaux que gardent de tels écroulements. […] Épouvante, est-ce bien le sentiment qu’on éprouve? Non: le sentiment artistique est si puissant, le désastre a fait de ces choses somptueuses des choses si belles, qu’on s’arrête et qu’on admire. » (Jules Claretie, L’illustration, 22 juillet 1871, p 54-55). Dans  les années 1920 le Nord et le Pas-de-Calais dévastés furent le but de  nombreux voyages organisés ; du moins le motif avoué de cet afflux de français et de britanniques était-il de visiter 

arr hot de vill restes les lieux où  s’étaient battus et avaient disparus des êtres chers mais que je sache,  nulle littérature ne vanta aussi naïvement ou cyniquement la beauté des ruines d’Arras ou d’Ablain Saint Nazaire.

http://peccadille.net/2014/09/15/photographies-commune-paris-1871/

France Culture, la fabrique de l’Histoire 15 mai 2014 https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/la-fabrique-de-l-histoire/paris-en-ruines-attraction-touristique-de-l-ete-1871-4716739

S

 

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"Soupirs de soulagement" 

Dans l’antique nécropole de nos rois comme dans les riches plaines de la Brie le Germain parlait en maître, traînant son sabre dans toutes les rues, sur tous les chemins. Partout ils pullulaient comme des corbeaux, allant par bandes et se jetant affamés sur le cadavre de la France. Ce supplice a duré deux cent quarante jours, les deux-tiers de cette néfaste année 1870-1871[…] C’est à prix d’argent en payant le deuxième demi-milliard que M. de Bismarck a pu être adouci. Le travail d’évacuation a commencé. La marée a fait un pas en arrière et le cœur de la France qui était sous la main de l’étranger, ainsi que le dit M. Thiers, peut maintenant battre en liberté,  Saint-Denis respire. Il a vu partir ses hôtes détestés. Mais avant de quitter la ville, que pendant huit mois ils ont torturée de toutes les façons,  les guerriers du roi Guillaume ont voulu s’en donner à cœur joie dans leur triomphe. Ils se sont donné une fête sur la grand-place et ont infligé aux habitants le spectacle de leurs réjouissances tudesques. Ils se sont couronnés de fleurs et de verdure et au son de leurs chants de triomphe et de leur musique ils ont bêtement insulté les vaincus

 

soulagement evacuation le monde illustré 23 9 1871

evacuation st denis monde illustre239 1871

À Saint Brice, dès le matin les troupes étaient passées en revue. A midi, elles partaient musique en tête pour les stations de Villiers-le-Bel et Gonesse. Ce n’était sur leur route que soupirs de soulagement et de délivrance. Le feld maréchal et son épouse suivaient le défilé dans une calèche. A leur droite un bataillon d’infanterie prussienne l’arme au bras les saluaient d’airs nationaux plus ou moins harmonieux au bruit des tambours et des fifres.  La fanfare des dragons qui suivaient le cortège faisait  seule entendre une musique vraiment guerrière.  Les paysans perchés sur leurs meules de foin répondaient par des cris de bonheur et en même temps par des souhaits de vengeance.

 Le fort de l’Est a été dépouillé du matériel qui le garnissait. Un de nos confrères a vu  partir il y a quelques jours 80 wagons chargés de canons et de projectiles. Une quarantaine de soldats bavarois armes et bagages accompagnaient ce convoi.[…]Les Allemands ont pris la précaution d’enlever même des madriers, de longues solives fendues, pourries.  ( Le monde Illustré 23 septembre 1871)

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