Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
terresdartois
22 janvier 2022

23 avril ST GEORGES

P L U I E de St GE O R G E S

...Coupe aux cerises la gorge.

   

st georges Uccello

Belle rime , adage cruel!  Le soleil insolent de cette journée leur a sauvé la mise, (si elles ont survécu aux rigueurs des semaines passées). Une kyrielle de dictons escorte le  vainqueur du dragon, dont la notoriété n'a d'égal que le manque de fondement historique: s’avance la triade des saints cavaliers qui précèdent les saints de glace. Période  délicate : beau temps et gelées  secouent le végétal. II ne demande qu’à s’épanouir et risque de payer cher  ses élans printaniers.  Le jardinier trop pressé  va au-devant de déboires mais il ne peut s’empêcher de tenter un premier semis de haricots. Tous ces patronages  inquiétants, on  les amadoue par des petits noms, Georget, Marquet (Marc), Vitalet. La météo de cette année a trompé la sagacité de nos aïeux : arbres  fruitiers, vignes, hortensias et les rosiers eux-mêmes ont grillé.  Certains dictons seront ressentis comme une mise en garde bien ironique quand  le mal est fait . A chacun son style, et pas seulement le sadisme du titre . Leçon de calcul : Quand il pleut à la Saint-Georges, sur cent cerises, il en reste quatorze. Rimailleur: S’il pleut le jour de la Saint-Georgeau, pas de fruits à noyau, ni guignes, ni bigarreaux. Épique :  Saint-Georges arrive souvent sur un cheval blanc. Ne pas s’y tromper : le chevalier blanc fait le grand nettoyage, à coup de  gelées  blanches  pittoresques mais traîtres. Optimisme raisonnable: Georget, Marquet, Vitalet (28 avril) et Croiset (3 mai, autrefois la Sainte Croix), s'ils sont beaux, font du bon vin. Pour la méfiance berrichonne, aucu ! aucu ! aucune hésitation ! comme on disait autrefois dans les manifs,  Marquet, Georget, Philippet trois casseurs de gobelets.  La casse fut en avance cette année.

                 Honneur à un grand folkloriste et ethnologue français, né justement ce jour de la St Georges : Arnold Van Gennep - en 1873. Un esprit original, et (comme disait la réclame) souvent décrié, jamais égalé dans son patient inventaire des contes et des traditions populaires, de France et de Navarre († 7 mai 1957).

       Le 23 avril 1853 est une date que devraient connaître tous les amateurs de jardins partagés : c’est la naissance  du nordiste l’abbé Lemire, à Vieux Berquin près d’Hazebrouck. Une personnalité étonnante passée du légitimisme de sa jeunesse au catholicisme social puis à la gauche radicale  (enfin...version 1924),

aubervilliers a

à l’origine du développement, sinon de l'invention  des jardins ouvriers créés  dans un esprit paternaliste ironiseront certains, pour détourner  l’ouvrier du cabaret –foyer de l’ alcoolisme et des idées pernicieuses-, lui  permettre aussi de retrouver ses racines paysannes et , c’est bête comme choux, de nourrir sa famille. Mieux vaut un hectare de jardins ouvriers qu’un hectare  de légumes  volé pour y construire comme à Aubervilliers un solarium destiné aux jeux olympiques « Des potirons, pas du béton » scandaient récemment des protestataires, qui sembleraient avoir eu gain de cause. 

  

   

 Un arrêt sur la naissance le 23 avril 1929 de George STEINER († 3 février 2019). Polyglotte, champion de  la culture européenne, on l’a comparé à Érasme.  J’adorais ses causeries érudites, distillées  d’une voix précise tard le

steiner george

steiner proverbe

samedi soir dans  le cadre de "Metropolis", l’émission de la Sept puis d’Arte. Sa désespérance était aussi profonde que son savoir : Nous sommes ceux qui viennent après. Nous savons désormais qu'un homme peut lire Goethe ou Rilke, jouer des passages de Bach ou de Schubert, et le lendemain matin vaquer à son travail quotidien, à Auschwitz. (Langage et science 1969) 

Et pourtant, confiait-il au journal Le Monde en 2013 « Maintenant que je suis tout près de ma fin, je m'agrippe à une boutade que je trouve d'une profondeur époustouflante. Elle vient des cercles yiddish de Brooklyn : 'Est-ce qu'il y a un dieu ? - Bien sûr, mais pas encore.' Ce 'pas encore' m'apporte une certaine force intérieure »

       L’année 1871 dont nous commémorons les 150 ans ne vérifie  que trop le pessimisme de George Steiner. Sous le regard de l'ennemi qui occupe un quart du pays, voilà cinq semaines que la Commune installée à Paris  légifère  et qu’à Versailles le gouvernement de Thiers s’appuyant sur  des troupes régulières tentent de réduire « l’insurrection ». Les offensives militaires du côté de la Commune sont vouées à l’échec faute de troupes véritablement entraînées autres que les gardes nationaux, dont beaucoup essaient d’échapper au conflit.

15 avril le monde illustré blessés de l'avenue de Neuilly amenés à la mairie devenue ambulance

 L'hypothèse invraisemblable  d’un second siège, d'une capitale

15 avril le monde illustré retour combats de chatillon

bombardée par son propre gouvernement est devenue réalité.Le Mont-Valérien envoie des obus sur tous les points des remparts où on lui paraît travailler trop activement. Le plus souvent il atteint les villas les plus rapprochées de l'enceinte. Quand nous passons à la porte d'Auteuil, nous entendons cinq obus passer au-dessus de notre tête. Ce sont les premiers qui tombent dans Auteuil. Chaillot aussi a reçu ses premiers projectiles.[…]Le viaduc d'Asnières est occupé par une batterie fédérée et on y fait avancer de temps en temps des locomotives blindées qui ont donné avant-hier soir et hier sur les batteries versaillaises du château de Bécon. Voilà ce que décrit Le  RAPPEL du 23 avril 1871 dont l’éditorial, signé Auguste Vacquerie  (un proche de Charles et  Victor Hugo)   est une adjuration :

AUX FRANÇAIS.  Mais c'est affreux, cette tuerie qui ne cesse pas ! On se laisse étourdir; l'émotion s'use par sa vivacité même; on vit - si cela peut s'appeler vivre — à travers le massacre et le fratricide; on renonce; l'esprit est comme la barbue abandonnée à la dérive et se laisse aller au fil de l'eau.
       Mais c'est affreux!     Il y a là-bas, à l'autre bout du monde, à Versailles, des gens qui, de temps à autre, demandent des nouvelles aux ministres, comment se porte l'égorgement, combien on a tué de Parisiens, et qui trouvent qu'on n'en a pas tué assez[...] Il y a de misérables journaux qui ont poussé à la guerre en 1870 et qui en 1871 poussent à la guerre civile, et qui crient : À Paris ! comme ils criaient - À Berlin !  I

hugo vive la france

 Et il y a ici des gens qui, le soir viennent s'accouder au parapet des ponts pour avoir le spectacle des éclairs du bombardement et pour écouter le dialogue du Mont-Valérien et du Trocadéro ; plusieurs ont des lorgnettes, les prêtent aux femmes, sont galants, plaisantent.

    Et pendant ce temps-là, il y a des mères auxquelles on rapporte le corps de leur fils, et il y a des enfants qui avaient un père hier et qui n'en ont plus aujourd'hui![…] Quel que soit le vainqueur, sa victoire sera

barric rue de la chapelle-001bien avancée lorsqu'elle possédera — un cadavre !

      Ah ! Voici vingt jours qu'on se rue les uns sur les autres, les uns criant : Vive Paris ! et les autres : vive Versailles! Et qui donc criera : vive la France? Est-ce qu'il n'y a vraiment pas d'autre solution aux questions sociales que la fusillade et le bombardement?  

Dans des propos prémonitoires de ce que sera la reprise de Paris (une véritable guérilla urbaine) le journal analyse la situation à Neuilly

On doit voir à Versailles, par cette horrible expérience de Neuilly, combien la guerre des rues est à la fois désastreuse et inutile. Et si elle est ainsi dans Neuilly, dans Paris que serait-elle? Une étrange particularité de cette guerre à bout portant, c'est l'immobilité stratégique des combattants.
Depuis le jour où les troupes versaillaises ont franchi le pont de Neuilly [….] aucun progrès n'a été fait de part et d'autre. On se massacre sans résultat. Si les fédérés avancent de 100 mètres aujourd'hui, ils les

23 avril le Gaulois derision sur le travail de nuit

reperdent demain. C'est une guerre d'embuscade permanente; on se fusille nuit et jour

22avril le monde illustré asnieres etc transfo

derrière les arbres, derrière les murs, derrière les persiennes. Chaque maison est une citadelle à prendre, et, pendant qu'on s'entre-tue pour la garder, les mitrailleuses font leur office funèbre; le canon gronde, les obus effondrent les maisons et l'incendie achève ce que la mitraille a épargné.

 Le Gaulois dont  l’imprimerie et les bureaux  parisiens  ont été fermés dès la fin mars s’est réorganisé  à Versailles d’où il ricane sur les mesures sociales, celles interdisant par exemple le travail de nuit des boulangers. Il ironise sur la rumeur d’une « attaque formidable des chouans de Versailles » et se félicite des nouvelles troupes  qui vont prendre part à « NOS opérations » pour le maintien de l’ordre et le triomphe de la République honnête et sincère-  Fermez le ban !  Le Petit Journal renvoie  dos-à-dos les deux camps de ce qu’il n’hésite pas à nommer une guerre civile menée par « MM. Les stratégistes de Versailles et par leurs

 

23 avril P Journal barricade de Wagram et ambulance

23 avril P Journal bombardements Asnierescitoyens confrères de Paris ». Très critique sur la façon dont les fédérés mènent les opérations, il souligne  le zèle intempestif de tel garde national ou décrit avec précision  les progrès d’une barricade pour ses lecteurs prudemment restés chez eux. Le Monde illustré tout à sa nostalgie des « jours heureux » sur les bords de la Seine, déplore la situation, ne juge pas mais donne à VOIR l’arrestation de l’archevêque de Paris tout comme le cortège considérable accompagnant le convoi des

15 avril le monde illustré obseques gdes nationaux dcd Courbevoie Madeleine suite blessures 37

 

15 avril monde illustré archev de P arreté détail

morts de Châtillon : l’opération engagée par les fédérés pour répondre à l’offensive versaillaise du 2 contre le dépôt  de Courbevoie s’était soldée par  de nombreux morts et blessés, une débandade des troupes parisiennes et 1500 prisonniers emmenés à Versailles puis à Belle-Ile. Depuis Bruxelles, Victor Hugo note : Paris, muré de nouveau, s’éclaire de nouveau au pétrole. Plus de gaz. On se bat à la barrière de l’Etoile. Ce qui n’empêche pas la foire au pain d’épice à la barrière du Trône. Tel est Paris . (12 avril Choses vues p.165). Il constate aussi qu'à nouveau,  le courrier circule difficilement « je ne reçois plus de lettres de Paris. La poste n’y est plus distribuée. La crise devient aiguë (3 avril, Choses vues). En effet, Thiers a fait transférer tous les services de la Poste à Versailles: le  centre de tri s'est installé au château dans la salle des batailles voulue par Louis-Philippe. Pour sortir de cette impasse, des tentatives de conciliation ou de pourparlers se font jour, tant cette guerre entre Français défie l’entendement après les souffrances subies durant un siège  et une vraie guerre,  menés par la Prusse. Gens de bonne volonté,

hugo un cri

commune idiote Hugo

comme la Ligue de l'union républicaine dont fait partie Clemenceau ,  ou les francs-maçons sortis en procession dans leur habit d'atelier essaient en vain de s’entremettre pour au moins obtenir une trève qui permettrait aux habitants de Neuilly d'être évacués. Les positions s'hystèrisent. Lockroy, ancien éditorialiste du Rappel, ancien député et membre de la Ligue de l'union,   est emprisonné à Versailles. 

                 Le Rappel s'efforce de se montrer impartial, stigmatisant les bombardements  aveugles des Versaillais, mais aussi  la décision du préfet de police de supprimer quatre journaux . Il a un allié de poids : Victor Hugo dont il relaie la parole. Le poète,  qui n’en peut plus d’être coincé à Bruxelles

hugo représailles

par le règlement de la succession catastrophique de son fils Charles juge sévèrement  la situation dans son journal intime  Cette Commune est aussi idiote que l’Assemblée est féroce. Des deux côtés, folie. Mais la France, Paris et la République s’en tireront (Choses vues 9 avril).  Le Rappel du  18 avril publie son poème  « Un cri »    Malheur aux hommes, quels qu’ils soient […] /Qui remettent la ville éternelle en prison, /Rebâtissent le mur de haine à l’horizon/ […]/ Paris mort, l’astre éteint, et qui n’ont pas frémi / Devant l’éclat de rire affreux de l’ennemi !

Suivra le 21 avril « Pas de représailles » repris par  tous les journaux français et européens se félicite l'auteur :Le talion n’est pas un reflux légitime.[...] Ce qui fait qu'il est bon d'avoir été proscrit / Je sauverais Judas si j'étais Jésus-Christ

hugo judas

Une véritable provocation ! Mais les échos qu'il a  sur le fonctionnement intime de la Commune ne sont guère rassurants. Il nourrit en particulier un fort préjugé contre  Charles Delescluze. Ernest Lefebvre, un intime, arrive à Bruxelles, ayant démissionné l'avant-veille de membre de la Commune. "Il nous a dit: "Ceci est le dilemme, démissionnaire aujourd'hui, fusillé demain. Cette Commune est folle. On y délibère en secret. On y parle le revolver au poing. Delescluze et Pyat provoquent les résolutions violentes et s'esquivent au moment du vote"[ndlr: vieille recette éprouvée!]. Lors de leur décret sur les suspects, E. Lefebvre ayant demandé l'appel nominal, Delescluze, qui voulait voter sans qu'on connût son vote s'est emporté et a menacé E. Lefebvre.Le préfet de police Rigault dit  "-j'admire Marat , mais il était mou" (Choses vues  9 avril). Plus loin, le 24 avril, il note "le citoyen Delescluze déclare qu'il ne quittera pas la Commune et qu'il se fera tuer. j'en doute."  Eh bien  si, pourtant.

                                                 Tout compte fait, soyons fous!, je vais tenter de semer des haricots. On prévoit une semaine de douceur. ce sera une première. Haricots de St Georges, costauds!

haricots verts

                                          - - - - - ( ( ooo) ) - - - -

https://eglise.catholique.fr/saint-du-jour/23/04/saint-georges/

 http://www.gilblog.fr/berry_blog/les-saints-de-glace-davril.html

Reinheitsgebot — Wikipédia (wikipedia.org)

Jules-Auguste Lemire — Wikipédia (wikipedia.org)

 

         ------------------------------------oooooooooo-------------------------------------

Publicité
Publicité
Commentaires
terresdartois
Publicité
Archives
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 39 175
Pages
Publicité