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terresdartois
4 mai 2019

1er Mai

 

muguetcart post

1 mai 56 pelouse reuill

Le premier mai, j’entends la fête du Travail, voilà un superbe marronnier comme on dit dans le journalisme. Comment l’éviter ? Et pourquoi d’ailleurs ? J’aime les marronniers : mon enfance s’est déroulée Cité des marronniers à Arras. Le marronnier est connu pour ses… marrons luisants.

 

Mélina Lebas devant la porte1

Pourtant, avec le lilas, c’est le roi du printemps : il est  alors en plein triomphe avec ses jeunes palmettes vert tendre et ses hampes blanches ou rose. Personnellement pour ma part c’est un premier mai qu’est morte Grand-mère  Mélina  - mon arrière-grand-mère en fait.

Mélina Naiss D

À 89 ans;   après avoir été « extrêmisée »  une bonne douzaine de fois. « Trompe-la-Mort » ,  c’était son surnom.  Mais les miracles ont une fin. C’est donc le 1er mai 1956 qu’elle s’est éteinte à Bavincourt, chez sa fille,  à dix-huit kilomètres de chez nous à Achicourt, dans la banlieue d’Arras. L’instituteur Alphonse Delbecque avait  pris sa voiture  pour venir nous annoncer la nouvelle – car ni les grands-parents, ni  nous n’avions le téléphone. Je révisais ma composition d’histoire (j’étais en 3ème). Le lendemain, nous avons pris l’autobus pour aller à la ferme, chez les grands parents. À la porte de la maison, une croix en paille drapée de noir. Grand-mère Mélina reposait  sur son lit, dans ce qui avait été autrefois la salle à manger.  Les volets étaient fermés. Quelques petits cierges brûlaient. Les femmes  du village défilaient, faisaient  une prière, disaient  une dizaine ou un chapelet entier. Dans l’arrière-cuisine, grand-mère Lucienne servait du café ; on bavardait  à voix basse, évoquant des souvenirs ou déroulant les nouvelles du village.  Le maire Henri LEBAS a dit : « elle aura travaillé dur toute sa vie ».  Jeune bonne chez de riches censiers du village, on la nourrissait, dit la légende familiale,  des croûtes de pain que la marmaille de ses patrons lui laissait. D’une de ses tantes  (impossible de retrouver laquelle) en place à Yvetot chez un médecin  elle avait hérité une superbe armoire normande que son médecin tentait toujours de lui acheter. Pas question : l’armoire devait être transmise aux filles : maman, puis ma sœur, puis ma nièce. On l’a déménagée à Achicourt mais à cause de sa hauteur, pour la faire rentrer dans le vestibule  où elle est toujours,

normande sfronton sombre

il a fallu la décheviller entièrement et la remonter.

Mélina âgée en gros plan_0001-001

 

J’ai toujours connu grand-mère Mélina en aïeule, le visage ridé,  les lèvres rentrées, les mains violacées, amaigries. Forcément : j’avais cinq ans qu’elle en avait  déjà quatre-vingt,  toujours habillée à la mode du début du siècle en robe ou tablier longs, en noir depuis le décès de son mari Lucien en 1942 et auparavant de trois de ses enfants, Lucienne étant la seule rescapée après les morts précoces de l’aînée  prénommée Lucienne à un mois, puis de Sophie Flore  à 5 mois et de Marcel à 4 mois. Nous,  les arrière-petits enfants, nous n’étions pas toujours gentils avec elle; nous la taquinions. Elle se plaignait à sa fille : i m’ font endêver, vieux mot de picard et d’ancien français qui signifie « faire enrager ». Sa tâche principale était d’éplucher les légumes pour les énormes soupes  qui nourrissaient les grandes tablées de la ferme. À la saison des confitures, elle faisait ses cueillettes  confortablement assise sur un’ cayelle au milieu des groseilliers et des  framboisiers. Mission de confiance aussi : fabriquer un hachis de jaunes d’œufs durs et d’ortie pour « faire pousser leur rouge » aux dindons et les protéger de divers maux à cette période délicate de leur développement. Ça semblait bien appétissant, s’il n’y avait eu  ces  horribles orties qui apparemment ne rebutaient pas les dindonneaux! Nos écolos devraient essayer cette pâtée : pochées, les orties perdraient peut-être  leur pouvoir urticant !

        

Lucien Leclercq et Mélina couple en pied

 

Elle avait bien sûr été autre chose que l’ancêtre accablée d’ans et de douleurs que j’ai connue. Pendant la guerre quatorze, le village était situé à l’arrière: dans une pièce de sa fermette transformée en buvette, elle vendait du vin aux soldats. Sa  fille Lucienne jouait les Madelon:  c'est ainsi qu'elle  se trouva  son breton de mari.  Le grand-père Lucien veillait au grain – certainement à la vertu de sa fille, mais aussi à la qualité du vin : pas question de le mouiller et de faire fortune sur le dos du soldat. C’est ce qu’on rapporte dans la famille. Le quart de rouge c'est la boisson du garde rouge chanta bien plus tard notre Dutronc national. Ce fameux PINARD,fer de lance de nos troupes comme aurait dit M. Prudhomme. Transition toute trouvée pour évoquer un autre premier mai, bien lointain, du côté des ancêtres de Marcel POISSON, cet enfant de l'Assistance que ses parents nourriciers, Mélina et Lucien pleurèrent après sa mort près de Verdun en 1915.

 Entre ici Georges PINARD, [ici voix tonitruante et inspirée façon André Malraux au Panthéon] dans cette

égliz gde ver

église de Verrière-sur-Glenne devenue en 1904 La Grande Verrière. En ce 1er mai 1650 tu vas y épouser une demoiselle Lazaire (ou Lazarotte) POULET , fille de Lazare POULET l'Ancien. Je m'étonnais   de la vogue des Lazare  dans ce coin de Bourgogne, près d’Autun jusqu'à ce qu' une lectrice attentive me donne la clé: la cathédrale d'Autun  abrite les reliques de St Lazare.   Il est aisé en revanche de comprendre pourquoi les Pinard abondent  dans une contrée imprégnée de culture vigneronne. Lazarotte et Georges ont un enfant, laboureur comme ses ancêtres: Pierre PINARD qui épouse  of course une demoiselle … PAUCHARD. En 1711 leur fils Georges II se marie avec Françoise LAMOUR. Naîtra Jacques qui s’unit en 1744 à Vivande JEANNIN. On s’arrête là. Ils savaient s’amuser à La Grande Verrière sous l’Ancien Régime.

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