28 J A N V I ER sacré sacré sacré CHARLEMAGNE
Charlemagne a disparu du calendrier officiel. Autrefois on l' honorait le 28 janvier, jour de sa mort, en 814. C’était le patron des écoles et des écoliers. Qui s'en souviendrait , n’était, dans la mémoire des boomers, la trace du refrain lancinant de France Gall « Sacré, sacré, sacré Charlemagne ». Sous Louis XI, le 28 janvier était férié, comme un dimanche. Au XIXème siècle et au début du XXè encore des banquets plantureux (offerts à qui ? écoliers ou encadrement? ) marquaient dans tous les établissements la fête de ce fondateur d’écoles qui ne savait pas écrire, parlait sans doute plutôt allemand que français mais qui lança la « renaissance » carolingienne au sortir du naufrage culturel des mérovingiens. Un gros mensonge d’ailleurs que
cet obscurantisme des pseudo-rois fainéants. C’est un historien qui le démontre, Bruno Dumézil. Avec son livre tout frais sorti, encore un pan de notre récit national qui s’effondre . Heureusement un manuel de 1925 célèbre dès sa couverture une scène fondatrice de notre Histoire mythique: Charlemagne récompensant les bons élèves et admonestant les mauvais – tous des garçons d’ailleurs à y bien regarder. Plus de Saint Charlemagne désormais le 28 janvier. Le remplace un savant , pilier de la théologie catholique, Thomas d’Aquin. Une valeur sûre, comme on qualifiait naguère les produits phares dans le catalogue de La Redoute.
Revue de presse express
1924.
Un temps de saison, propice aux jeux olympiques d’hiver qui se tiennent en France: on s’initie au mystérieux curling . Entre suffragettes et concours de beauté les féministes ont encore du pain sur la planche.Lénine est enterré mais je sens qu'on n' en a pas fini avec ses héritiers.
1944 Noir c’est noir. La propagande pro-allemande se fait une grande cure d'autosuggestion et se projette dans l'avenir. On se glorifie dans l'Indre d'une prise d’armes à l'ancienne sans oser malgré tout rendre hommage à la division Charlemagne , les SS version
française.Curieux aveu cependant du Dr Goebbels "nous sommes persuadés que nous redeviendrons les maîtres de la situation" La culture
se porte bien . On fait la queue pour le Soulier de Satin comme pour le ravitaillement. Le pain manque mais les circenses, les jeux du cirque prospèrent.
La lumière au bout du tunnel, c’est la Une de l’Echo d’Alger qui la montre à ses lecteurs . Autour du discours
d’un autre grand Charles les manchettes multiplient les signes favorables: une très grande bataille serait imminente, les alliés sont sur le point de déclencher sur terre sur mer et dans les airs une offensive telle qu’on n’en a encore jamais vue. Ça bouge. L’espoir fait vivre. Encore six mois à attendre.