1er A V R I L journée de la fonction publique...
.. .en Thaïlande. De braves gens ces siamois. A V IS S à la population des jardiniers : Avril entrant comme un agneau s’en va comme un taureau. Cette année l’agneau s’est pris pour un taureau : il gronde, s’emporte, s’agite en tout sens.
Les Hugues sont à la fête. Les Beheront aussi mais ce saint ( qui figure sur un portail de la cathédrale d'Amiens) a été rayé de la liste. On se rabattra sur un collègue fondateur d'une abbaye, Saint Valéry de Leuconay (c’est l’ancien nom de Saint-Valéry-sur-Somme). Les Hugues ne sont pas loin pourtant : une légende inventée au XIe siècle par d’habiles communicants du monastère affirma que HUGUES CAPET y passant la nuit , Valéry lui apparut et lui prédit que ses successeurs régneraient sur le royaume franc jusqu’à la septième génération.
La femme inconnue.
1er avril 1873.Deux heures du matin près d’Halifax. En vue du Canada, naufrage du transatlantique Atlantic de la ligne Liverpool-New-York. Il transportait 957 personnes dont 832 passagers, des migrants surtout, en particuliers des alsaciens fuyant l’occupation allemande. 567 morts. Lors de la récupération des corps, on découvrit qu’un des marins était une femme, une américaine d’une vingtaine d’années. Selon un article de l'époque, elle était très appréciée des autres matelots. L’un d’eux confie : Je ne savais pas que Bill était une femme. Il prenait son grog aussi régulièrement que nous, et demandait ou volait toujours du tabac. C'était un bon camarade, de plus, et je suis désolé que ce soit une femme. » Propos ambigu . Encore un mâle à déconstruire? C 'est trop tard.
La matheuse: Sophie GERMAIN (1776-1831) naît à Paris. Élevée dans l’esprit des Lumières , elle effraie cependant par sa frénésie à étudier les mathématiques en autodidacte. Elle gagne l’estime des plus grands savants, Lagrange ou Gauss. En 1806, Napoléon envahit la Prusse et Brunswick la ville natale de Gauss. Sophie Germain, craignant alors pour la vie de son ami, demande au général Pernety qu’elle connaît personnellement, de veiller à la sécurité de Gauss. À cette occasion, celui-ci découvre que
Leblanc, son correspondant depuis plusieurs années, n’était autre qu’une femme: pour que ses correspondants
scientifiques lisent sans prévention ses communications, la française s’était affublée d’un pseudonyme masculin.
Honte sur moi : jusqu’ici, elle n’était pour moi que le nom d’un lycée du Marais . Un véritable lycée-papillon dans les années 70, sous la houlette d’une directrice singulière . Au moment du tournoi de Roland-Garros, les professeurs d’éducation physique retouchaient l’emploi du temps afin de donner aux enseignants et aux élèves la faculté d’assister commodément aux matches importants. Je tiens l’information de plusieurs sources directes. Heureux temps où « Roland » comme disent les fans n’était pas réservé aux people, où l’Educ-Nat n’était pas atteinte d’une productivite - au final peu efficace.
L’aviatrice. 1er avril 1921 A 25 ans, Adrienne BOLLAND (1895-1975) réussit à l’improviste, sur un coup de tête, la première traversée de la Cordillère des Andes d’Argentine au Chili dans des conditions rocambolesques. À Santiago, elle est accueillie par des officiels
enthousiastes. Un absent : le consul de France : prévenu, il avait cru à un poisson d’avril.Pauvre France!
Arts ménagers. 1938 invention du Nescafé dans sa première version, à la demande du Brésil qui cherchait un moyen d’écouler sa surproduction de café autrement qu’en le brûlant dans ses locomotives .Un flop. Une version améliorée prend place dans le paquetage des GI qui débarquent en France en 1944: ils distribuent les boîtes à tout va, popularisant ainsi le produit et la marque. En ce temps-là , en pleine adéquation avec son logo et son nom (petit nid) la multinationale suisse aspirait à nourrir le monde au lieu de l’empoisonner avec des pizzas avariées et de jeter dans la précarité ses employés du Cambrésis.
1er avril 2023 La trouvaille du jour de l’Artésien : Justine FILOC, Pierre COLIF, Geneviève FICOL . Ce n’est pas une fiction. C’est aux Archives départementales du Pas-de-Calais. 117 autres de la même veine s'alignent dans le registres des naissances de 1831 à Arras. Le trio de tête: Sidonie BORDIN, Félix DIMERO, Sylvain DROBIN. En queue de peloton : Alexandre TACIR, Philippe RICAT, Fleury CARIT . Ce sont des enfants trouvés , nouveau-nés pour la plupart « sans signe
distinctif, » abandonnés sur le seuil de l’hospice ou dans le tour d’abandon . Des noms fabriqués en série. 120 enfants abandonnés pour la seule année 1831 sur 780 naissances enregistrées, soit 15% . Un fléau social. Et un casse-tête administratif : comment inventer tant de noms ? A Arras, on s’en remet aux anagrammes, une technique digne de l’OULIPO , l’ Ouvroir de Littérature Potentielle rendu célèbre par Raymond QUENEAU et Georges PEREC, et toujours en activité. On fait confiance au hasard, à la combinatoire de quelques consonnes et voyelles pour faire jaillir sans parti-pris des identités !
Ailleurs, plus tard, dans les colonies ou au moment de la suppression de l’esclavage il y a eu, il y aura bien d’autres tactiques de dénomination inspirées du réel, du contexte ou de l’existant La priorité : éviter de donner à ces enfants des noms portés par des individus vivants ou que le personnel chargé de les nommer aurait eu présents à l’esprit. Le hasard sera une garantie d’objectivité: si la production a une allure vraisemblable ou correspond à un nom connu, nulle intervention humaine n’en aura été responsable. Si le résultat est incongru ou bizarre, qu’importe : bien peu d’enfants survivront et feront souche avec des noms dont l’origine laissera songeur plus d’un généalogiste à venir.
Production de mai-juin : Elcor, Corlé, Corel, Leroc, Reloc, Créol, Coler, Clyor, Fléor, Colfry, Folery
Un échantillon pour juillet :Flecor, Filoc,Colif, Ficol, Fircol, Corfil, Colfir, Flocir, Fifloc, Folic
L’ajout de prénoms bien chrétiens atténue l’artifice de ces productions ex nihilo . Pas question en effet pour le nom de baptême de se livrer à ces inventions : chaque enfant a droit à un parrainage, à la protection d’un saint ou d’une sainte mais je ne perçois pas la stratégie qui préside au choix : je constate seulement qu’on ne s’en est pas remis au saint du jour de l’enregistrement. En hommage au Roi des français qui vient de monter sur le trône les Louis, Louise, Philippe reviennent souvent .
Qu’êtes-vous devenus, Geneviève FICOL, Cornélie COLFIR, Jules FIFLOC, Philippe FOLIR, Charles COREL, Adèle CRÉOL, Angélique RELOC, Florimond ELCOR, Laurent ILRAT ?