ABCdic-70 le final V...Versailles, évidemment
VERSAILLES . L’assemblée élue et le gouvernement de Thiers quittent Bordeaux mais par peur des événements
qui se précipitent à Paris on s’installe à Versailles. Frilosité fatale – pour tout le monde sauf pour Bismarck et le roi de Prusse Guillaume. La Chambre doit se caser tant bien que mal dans l’Opéra ; les sacs du tri postal investissent la salle des batailles et tout le personnel politique se loge comme il peut dans le reste du palais et en ville . Plaintes générales contre l’inconfort et le froid. Le Gaulois dont les locaux parisiens ont été saccagés a décidé de « délocaliser » entièrement à Versailles, rédaction, fabrication et diffusion . Son chroniqueur Francisque Sarcey s’amuse pour l’instant de l’animation très « parisienne » qui règne autour
du siège versaillais de l’Assemblée nationale. Puis tout se fige. Paris se claquemure et subit un second siège. Versailles devient un camp militaire retranché puis un centre de
détention des prisonniers communards.
Outrage et humiliation suprêmes, c’est dans la galerie des Glaces que Bismarck décide de faire introniser Guillaume Empereur du IIème Reich. Belle prise de guerre que le site officiel actuel du château de Versailles a encore aujourd’hui du mal à assumer : entre deux illustrations des heures fastes , (visite de Victoria, et installation de la Chambre), c’est une vue intimiste dans un bureau qui a été choisie pour la « proclamation de l’Empire Allemand », uniquement , bien sûr, par souci esthétique d’un montage dynamique alternant plans panoramiques et plan rapproché …Du côté allemand, en 1885 on n'avait évidemment pas de ces pudeurs pour célébrer sans
modestie le gloire de la Prusse et garder la mémoire d'un événement d'une portée planétaire comme cette unification de l'Allemagne et la résurrection d'un Reich mythique. Eclipsé le Roi Soleil, et dans le sanctuaire qu'il avait soigneusement édifié à son culte. Mais tout n'y était-il pas que reflets infinis , jeux d'ombre et comédie du pouvoir? La leçon était oubliée; une fois encore, l'hybris avait frappé