ABCDoc-70 spéciale dernière Z Z z z Z O U A V E
Dans les premiers temps, le terme « Zouaves » désignait des tirailleurs algériens encadrés par des européens. Par la suite, le recrutement fut uniquement européen.
Ces tirailleurs sont plutôt dénommés Turcos pendant la guerre de 1870 , souvenir de la guerre de Crimée où les russes, au vu de leur uniforme les avaient pris pour
des Turcs. Avec leur tenue exotique et leurs façons de vivre pittoresques les turcos jouissent d’une grande popularité lors de leur arrivée à Strasbourg. Les esprits chagrins crieront au voyeurisme mais l’aquarelle d’E. Schweitzer montre moins un zoo humain façon Exposition coloniale de 1931 qu’ une curiosité bon enfant, faite de familiarité, et de proximité. Trop naïf sans doute. Lartesien. Les turcos se distinguent en juillet 1870 dans des charges désespérées à la baïonnette durant la bataille de Woerth. Hansi n’a pas manqué de rendre hommage à la bravoure de l’un d’entre eux mort des suites de ses blessures. A Tours, Gambetta échappé de la capitale assiégée, compte sur les troupes coloniales et leur encadrement pour mener « la guerre à outrance »
contre l’invasion prussienne. « Le Turco de la Commune », tel est le héros malheureux d'un des Contes du Lundi d'Alphonse DAUDET . C’était un petit timbalier de tirailleurs indigènes. Il s’appelait Kadour, venait de la tribu du Djendel, et faisait partie de cette poignée de turcos qui s’étaient jetés dans Paris à la suite de l’armée de Vinoy. De Wissembourg à Champigny il avait fait toute la campagne, traversant les champs de bataille
comme un oiseau de tempête, avec ses cliquettes de fer et sa derbouka. Dans son blog (certes excellent) sur la Commune de Paris Michèle AUDIN ( la fille de Maurice
Audin) n'y va pas par quatre chemins: rien sur l’effort d’empathie d'un esthète parisien conservateur à l’égard de ces soldats jetés dans un conflit absurde qui les dépasse mais attaque frontale sur le ton paternaliste -voire raciste tranquille, c'est vrai)- adopté pour mettre en scène l'insouciant Kadour, qui fait le coup de feu du côté des communards tout comme auparavant il se donnait sans compter contre les prussiens. La barricade sur laquelle il se démenait est prise : Fais voir ton fusil. ». Son fusil était encore chaud.« Fais voir tes mains. »Ses mains étaient noires de poudre. Et le turco les montrait fièrement, toujours avec son bon rire. Alors on le pousse contre un mur, et ran !…Il est mort sans y avoir rien compris… L’intransigeante chroniqueuse lui oppose un compatriote de Kadour parfaitement conscient selon elle du combat qu’il mène . On le retrouvera au musée Carnavalet , sujet d' un dessin signé Daniel VIERGE, un peintre d’origine catalane qui vient juste d’arriver à Paris lorsqu’éclate la Commune, et bientôt collaborateur attitré de ce Monde Illustré dont j'ai fait grand usage ici. Lartesien se méfie. La mention « un communard » est-elle dénuée de toute arrière-pensée ? Ce croquis « d’un
nègre porte-drapeau » ( c’est l’intitulé exact écrit d’un crayon pâli et l'on veut bien passer sur l'emploi , ordinaire à l'époque, du mot nègre) va-t-il au-delà du goût pour l’exotisme dont le Z alphabétique dans notre langue est porteur? Un blog , « comtelanza. Canlablog » dessine bien le contexte dans lequel s’inscrit le turco de DAUDET.
V***uoZou***V
C’était ma dernière cartouche, ( mais pas mon dernier mot sur ce blog) pour reprendre le titre d’un tableau de Deneuville célébrant la résistance de quinze marsouins retranchés dans une auberge le 1er septembre 1870 durant la bataille de Bazeilles. L’épisode est au centre de la Débâcle de ZOLA (1892) . Largement reproduite partout à la fin du XIXè siècle, l'oeuvre contribue à panser l’amour-propre français. Tout bien informé qu'il est de la chose militaire, Deneuville, garde national actif à Belleville et au Bourget , réagit en peintre et se soucie d’éclaircir un tableau trop sombre à son goût, au prix de quelques libertés avec la réalité: marsouins dotés d’un pantalon rouge, broderies chamarrées d’ un tirailleur algérien incongru ici, autrement dit un turco, ou un Zouave , - de quoi déconcerter, me dit-on, les spécialistes .