ABCdoc-70 R République, réconciliation?, répression, revanche?
RÉPUBLIQUE
1870 Dimanche 29 janvier. C’en est fait ! Paris a capitulé, bien qu’on ne prononce pas encore ce mot-là. Un armistice est signé pour vingt et un jours. Convocation d’une assemblée de députés à Bordeaux : c’est Jules Favre qui a traité à Versailles. On va procéder, à la hâte, aux élections. On ne sait rien de plus. À quelles conditions a-t-on obtenu ( George Sand Journal d’un voyageur)
Question a priori saugrenue: existe-t-il des républicains honnêtes ? Le Figaro , tout à ses préventions, fait la leçon à
un de ses lecteurs : que notre correspondant, qui doit être bien jeune, ne s’y trompe pas ; tous les citoyens républicains sont plus ou moins cousins, qu’ils se disent ou non honnêtes ; quoi qu’on fasse, le parti qu’embrassent invariablement à toutes les époques les repris de justice, et qui garde ses sympathies pour les voleurs, les incendiaires et les assassins, n’aura jamais grand crédit auprès des honnêtes gens( 13-12-1871)
Réconciliation (tentative de)
Le 28 avril 1870 la sortie spectaculaire et inédite de francs-maçons parisiens vers les remparts de la capitale n’aboutit à Versailles qu’à la réception pour la forme d’une délégation de trois francs-maçons. La franc-maçonnerie devait-elle prendre parti? Bagarre idéologique dans les loges et le Gaulois a beau jeu de dénoncer une action minoritaire selon lui, mais qui ne manquait pas de panache. Récit du Monde Illustré:
A dix heures du matin, les loges maçonniques de Paris, au nombre de cinquante-neuf, des trois rites. -Grand-Orient, rite Ecossais et rite Misraïm, sont réunies dans la cour du Carrousel. Pittoresque tableau : les dignitaires, le cordon bleu ou rouge en sautoir; les reins ceints du tablier symbolique, les chevaliers rose-croix, les chevaliers kadoches à l'écharpe noire frangée d'argent, se mêlent, se pressent parmi les officiers des loges portant sur la poitrine leurs insignes, sous les bannières multicolores, blanches, vertes, bleues, rouges, et non moins variées par les signes et les devises. Il y en a une sinistre comme un drapeau de deuil : blanche et noire en damier. 'La plus remarquée est celle qui a joué le grand rôle de la journée. Elle est toute blanche et porte cette inscription : AIMONS-NOUS LES UNS LES AUTRES. Les délégations les plus nombreuses étaient celles de la Persévérance, d'Ivry; du Globe, de Vincennes; de Clémence et Amitié, de Paris; du Libre examen, de l'Etoile polaire et des Amis de la patrie. [...].Une foule considérable, attirée par la curiosité de voir pour la première fois s'étaler au grand jour les insignes de ces réunion, entourées jusqu'à présent d'un mystère profond, accompagnait le cortège le long de la rue de Rivoli jusqu'à l'Hôtel-de-Ville. […] Malgré la démarche des francs-maçons, les batteries de Courbevoie et du Mont-Valérien continuaient à répondre aux batteries fédérées.
R É P R E S S I O N
La Commune est vaincue. Amnistier ou pas ? Le député Brisson de « l’extrême gauche » a présenté à la Chambre une demande d’amnistie générale. L’éditorialiste du Gaulois s’étrangle contre les amnistieurs " et leurs discours "de la larme à l’œil" où l’on geint, où l’on se mouche, où l’on pleure. "Lorsqu’il est question de 35.000 insurgés qui sont aujourd’hui sous les verrous pour cause d’émeute, de barricades, de pétrole et autres gentillesses du même genre, l’extrême gauche s’écrie : « lâchez-les tous ! » et lorsqu’il s’agit d’augmenter le nombre de gendarmes et de reconstituer les corps des sergents de ville, la même gauche extrême se lève sur ses ergots et prétend que de telles mesures sont une invite formelle à faire dévorer les citoyens les uns par les autres .
un GUANTANAMO à FORT BOYARD ? Le Rappel, citant un confrère de Toulouse, l’Émancipation, décrit les conditions de détention d’un convoi de déportés en instance de départ pour la Nouvelle-Calédonie. Ces 250 déportés sont en ce moment au fort Boyard, près de Rochefort, parqués dans deux enclos à claire-voie.
Dans l’un se trouvent les hommes, dans l’autre les femmes. Tous les matins on force les femmes à faire leurs ablutions en se déshabillant jusqu’à la ceinture. Cela se passe sous les yeux des soldats , qui ont ordre de soumettre par la force celles qui refusent de se donner ainsi en spectacle.[…] On remarque surtout une jeune et belle femme de vingt ans, qui tombe en faiblesse à chaque fois qu’on la force à se déshabiller. On voit parmi ces prisonniers des garçons et des filles de 10,12 et 15 ans (1-11- 1871).
R E V A N C H E ?
Sauf des mouchards et des gendarmes
On ne voit plus par les chemins
Que des vieillards tristes en larmes
Des veuves et des orphelins
Paris suinte la misère
Les heureux mêmes sont tremblants
La mode est aux conseils de guerre
Et les pavés sont tout sanglants
Oui mais
Ça branle dans le manche
Les mauvais jours finiront
Et gare, à la revanche
Quand tous les pauvres s'y mettront (bis)
Le peuple au collier de misère
Sera-t-il donc toujours rivé?
Jusques à quand les gens de guerre
Tiendront-ils le haut du pavé?
Jusques à quand la Sainte Clique
Nous croira-t-elle un vil bétail?
À quand enfin la République
De la justice et du travail? (Refrain)
Sur l’air du Chant des paysans de Pierre DUPONT, paroles de Jean-Baptiste Clément
Francesca Solleville https://vinyles-d-autrefois.pagesperso-orange.fr/chants-de-lutte/html-lcc/la-semaine-sanglante.html