St Léger 21021 pain béni ...
pour la numérologie. 2 octobre 2021, tout simplement. On fête les Léger ?
Oui -c’est un prénom qui, curieusement, n’a jamais couru les rues. Parents en mal d'originalité, qu'attendez-vous? Sept seulement dans ma base d’ancêtres artésiens, surtout au XVIIIe siècle. Le nom, LÉGER ou SAINTLÉGER est plus courant -en Picardie, dans le Limousin, sans qu’on puisse décider si c’est en référence directe au saint ou un rappel du lieu d’origine car les églises ou les villages se réclamant de lui sont nombreux en France vu que trois diocèses étaient à la manœuvre pour favoriser le culte de Leudgari (en latin Leodegarius): Poitiers où les reliques du saint ont fini par arriver, Autun où il exerça son sacerdoce du temps des derniers mérovingiens, Arras : il fut exécuté et d’abord clandestinement enterré dans la forêt de Lucheux, près de Sus-Saint-Léger dans le Sud de l’Artois. Ébroïn, le maire du palais qui le poursuivait de sa vindicte lui avait auparavant fait transpercer les yeux, (ce supplice semble avoir particulièrement inspiré un miniaturiste allemand) puis arracher les lèvres et la langue.
Deux célébrités (relatives, pas des pop stars) porteuses du nom.
Fernand LÉGER dont on connaît la silhouette massive et le style carré. Et derrière l’hermétisme clinquant du Nobel SAINT-JOHN PERSE, un diplomate de haut vol qui inspira la politique étrangère de la France durant l’entre-deux-guerres : Alexis LEGER (1887-1975), aussi honni par Vichy qui le déchut de sa nationalité française que par de Gaulle auquel il refusa de se rallier préférant s’exiler durablement aux USA. Vengeance de notre héros national : aucun officiel français n’était présent à Stockholm en 1960 lorsque le félon reçut le prix Nobel de littérature. L’ambassadeur de France qu’il était ne semble pas avoir aimé son nom, celui fort honorable pourtant d’une famille de notaires parisiens installés à Point-à-Pitre depuis le début du 19ème siècle, alliés à des planteurs des Antilles. Il a jonglé avec les pseudonymes. Il fallait bien donner plus de corps à deux syllabes fâcheusement inconsistantes quand
l’académie de Suède célèbre vos versets marmoréens pour leur « envolée altière et [leur] richesse imaginative » .Saint Leger Leger, Saintleger Leger, St L. Leger et puis finalement, de son propre aveu s’est imposé mystérieusement à l’esprit du poète, pour des raisons inconnues de lui-même, Saint John-Perse, à partir de la publication en 1924 du recueil Anabase, un temps signé « St-J. Perse ». Aucun rapport affirmait-il sans sourciller avec la référence du titre à deux Anabase de la littérature grecque ancienne : le récit par Xénophon du retour de Perse de 10000 mercenaires grecs ou la transcription par Arrien de l’épopée d’Alexandre à travers l’empire perse de Suse jusqu’à Ecbatane. Il justifiait ce jeu de masques par la volonté de séparer ses activités personnelles de son rôle de grand commis de l’État : CLAUDEL – dans des postes de moindre importance il est vrai- n’avait pas de ces scrupules. Autre particularité de notre Nobel mal-aimé : très attaché, comme CLEMENCEAU, à l’absence d’accent sur le E, à la différence du Tigre il exigeait la prononciation leuger… Allô Dr Freud ?
2 octobre : deux naissances remarquables, parmi bien d’autres , celles de deux DUCLOS : en 1896 Jacques DUCLOS « résistant et homme politique français » nous apprend Wikipedia, voix de son maître de Staline, cependant qu’en 1931 naissait en Suisse Jean-Pierre Duclos, voix française de Sean CONNERY dans ses premiers James Bond.
-o-o- R E V U E d e P R E S S E -o-o-
2 octobre 1871 Partiront ? Partiront pas ? -Qui ? Les prussiens, pardi. La guerre est finie mais l’occupation d’une bonne partie du Nord de la France garantit le paiement d’une dette colossale dont les étapes du remboursement se traduisent par une libération progressive des territoires pris en gage. La Presse se garde bien de donner des informations fermes, se faisant seulement l’écho de bruits divers.
On écrit de Clermont [de l’Oise] au journal des Débats : "Vous avez annoncé avant-hier, d’après le Journal officiel l’évacuation complète des quatre départements de l’Oise, de la Seine, de Seine-et-Marne et de Seine-et-Oise. Ce serait merveille si, hélas !, le contraire n’était absolument exact. Clermont possède encore 800 Bavarois, Senlis en a 150, Compiègne, Creil, Crépy en regorgent. Rien ne prévoit leur départ"
En tout cas, les Prussiens résident encore nombreux dans la capitale si l’on en croit le Gaulois : toujours à l’affût de ce qui pourrait entacher la réputation de sa bête noire - Victor HUGO, il a repéré que celui-ci a sous-loué un appartement dont le locataire se trouve être un Prussien. Hugo collabo en somme. Le journal se garde bien d'expliquer les motifs de ce retour précipité. Expulsé de Belgique pour s’être élevé contre la répression sanglante de la Commune, réfugié au Luxembourg, HUGO se démène afin de voler au secours d’une autre bête noire du Gaulois, Henri de Rochefort emprisonné et menacé de déportation.
25 septembre – Nous sommes partis de Reims pour Paris à midi et demi. Pluie pendant le trajet. Nous arrivons à Paris à 6 heures et nous allons à l’appartement 66 rue de La Rochefoucauld. Les tapissières de Bruxelles ne sont pas encore arrivées. Nous allons descendre rue Lafitte Hôtel Byron[...]Paris 27 septembre – Ce matin je sors et je vois chez un papetier une photographie de Louise Michel avec ces mots « condamnation à mort ». Serait-ce possible ? En ce moment on est capable de tout. J’ai
acheté ce portrait qui est terrible. […] 1er octobre- Je suis allé voir M. Thiers pour Rochefort […] L’entretien a été long et suffisamment cordial. […] Il m’a dit – je suis comme vous un vaincu qui a l’air d’un vainqueur ; je traverse -comme vous- des tourbillons d’injures. Cent journaux me traînent dans la boue. Mais savez-vous mon procédé ? Je ne les lis pas – Je lui ai répondu : - c’est précisément ce que je fais. Votre procédé est le mien. – Et j’ai ajouté – Lire les diatribes c’est respirer les latrines de sa renommée. - Il m’a serré la main en riant. [Et pan sur le casque du Gaulois comme on dit au "Canard"!] J’ai appelé son attention sur les atrocités déjà commises et je l’ai engagé à ne laisser exécuter aucun condamné. J’ai demandé qu’il muselât les gens à épaulettes. J’ai insisté pour l’amnistie. Il m’a dit -Je ne suis qu’un pauvre diable de dictateur en habit noir - Hugo obtient que Rochefort fasse ses années de forteresse à Nice « et puis d’ici à six ou sept mois l’amnistie arrivera et il sera libre ». ( « Choses vues » 1870-1885 Folio P. 236) . Dans le train qui le ramènait à Paris, il est reconnu par un jeune couple . La jeune femme a pris mon chapeau qui était sur la banquette et en a baisé le crêpe [Hugo porte le deuil de son fils Charles] puis elle a dit – Vous avez bien souffert, monsieur ! Continuez de défendre les vaincus. Et elle a pleuré. Je lui ai baisé la main. C’est une âme charmante qui a de bien beaux yeux. Je lui ai donné la main, à Paris, pour descendre de wagon, et, après un salut, nous nous sommes perdus chacun de notre côté dans la foule. Incorrigible Victor!
1921, il y a un siècle Réclames de saison : campagne d’automne pour la Jouvence de l’abbé Soury et publicité pour les monuments aux morts. Le Tigre de son vivant va inaugurer, le sien. Situation insolite
d’autant que l’événement se produit dans un village inconnu mais cher à son cœur, Ste-Hermine. L’envoyé spécial du Matin communique par téléphone à sa rédaction : SAINTE-HERMINE attend M. Clemenceau . Ce fut aujourd'hui pour Sainte-Hermine une journée de préparatifs. [...]
Une foule de curieux se presse et entoure un chansonnier montmartrois,[Aristide BRUANT] au chapeau à larges bords et au cache-nez rouge, qui distribue à profusion une chanson de son cru à la gloire du statufié vivant. Et cela se chante sur l'air du "Clairon" de Déroulède. Sur la place où se dresse le monument de M. Georges Clemenceau, encore recouvert du voile qui sera abattu demain, une modeste estrade tendue de rouge et d'or a été érigée. C'est là que M.- Georges Clemenceau lira devant son effigie le discours auquel, dans sa retraite de Bels-Ebats, où il est encore aujourd'hui, sur les dunes de la côte vendéenne, il met la dernière main. .( Le Matin du 2 octobre 1921)
L’actualité c’est aussi la grève dans le textile qui perdure dans le Nord . À Troyes les patrons se sont montrés conciliants et décident la réouverture de leurs
usines pour demain lundi. [...] Dans le Nord la situation reste tendue. La polémique a recommencé par affiches entre patrons et ouvriers du textile. La commission intersyndicale patronale de Roubaix-Tourcoing affirme que toute concession est impossible " la baisse de 0fr20 doit être maintenue ou c’est la ruine de l’industrie textile de Roubaix-Tourcoing. Tous les discours, toutes les menaces ne peuvent rien y changer ». Une seconde affiche est conçue en ces termes « à Roubaix-Tourcoing, salaires exagérés, long Chômage ; ailleurs salaires moins élevés, pas de chômage » ( Le Matin 2 octobre 1921) . Excelsior a choisi cette semaine la coupe de l'aviation pour sa Une tout en photos .
1931 Toujours à la pointe de l’innovation, le même Excelsior propose un service téléphonique d’information en continu.
Ouverture du salon de l’automobile, occasion pour Hispano-Suiza de vanter – comme plus tard Rolls-Royce- la puissance de ses moteurs d’avions en même temps que la beauté de ses voitures. Célébration de l’Empire français d’outre-mer, l’exposition coloniale bat son plein. À la Porte Dorée, on a élevé pour l’occasion un monument à la gloire de l’art déco avec ce palais des
colonies devenu bien encombrant aujourd’hui aux yeux de certains, même en le transformant en musée de l’immigration. Le populaire roi des belges, Albert, le roi -chevalier, espérait visiter comme un simple touriste l’exposition . Incognito éventé: « sur son parcours, il a été respectueusement salué par la foule » ( Le Figaro ). L’après-midi, en compagnie de la reine Élisabeth ( celle du concours international de violon, pas la belle-mère de lady Di) la visite se fit au milieu d’une cohue plus ou moins bien maîtrisée par la police. La Chine inquiète le Figaro qui suit de
près « les pourparlers entre
Canton et Nankin pour préparer à Changhaï avec Tchang-Kaî-
Chek une conférence pour l’unification. » Le grand reporter de l’Intransigeant livre un récit apocalyptique des inondations du Yang-tsé « le fleuve aux cadavres ». A deux pas de chez nous, une autre réalité bien dérangeante que révèle un fait divers rapporté par tous les journaux:le suicide manqué d'un enfant de l'Assistance
1941 Le Figaro se félicite de la belle avancée technique procurée par des gazogènes
qui transforment en monstres préhistoriques les bus parisiens. Le petit journal, dirigé par le colonel de la Rocque essaie de tenir la balance égale entre les deux camps dans la « recrudescence de la guerre aérienne » ; Newcastle bombardée violemment par la Luftwaffe/ La RAF attaque Hambourg et Stettin. Un convoi britannique échappe à une attaque (dépêche de Berlin). Fragile équilibre que rompt le bombardement de Cherbourg par des avions anglais, « venant après d’autres raids meurtriers sur de paisibles villes françaises, la nouvelle agression britannique suscite la réprobation générale ». Pendant ce temps, Lyon commence à s’organiser en foyer de la résistance, ce qui se traduit par des arrestations qu’on espère dissuasives. Une affaire à suivre
Quoi qu’il en soit
« À la Saint-Léger, faut se purger ! »