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terresdartois
18 décembre 2021

17 mars "eh bien, maintenant la Commune est f....ue!"

 

 

 

Cigogne et petits pois

Gertrude amène les cigognes, Barthélemy (24 août) vide les nids. Justement, on en a vu près de Bar-le-Duc nous informe l’Excelsior de 1931. Si elle figurait encore au calendrier officiel,  Plante tes choux nous aurait conseillé  la fille de Pépin (pas le Bref, son oncle) patronne des voyageurs, des fileuses, des jardiniers et des … chats. Aujourd’hui, l’abbesse franque multicarte décédée le 17 mars 659 a été supplantée 

par un saint semi-légendaire   peut-être mort le 17 mars 461 : le gallois Patrick patron

1931 17_3 excelsior cigognes concierge décoré

 de l’Irlande qui,  dans sa version française Patrice, n’est pas en reste de conseil de jardinage: à la saint Patrice sème  tes pois: tu en auras tout ton caprice, cependant que  pour la rime, écrevisses  de s’activer dans les ondes profondes: « Quand il fait doux à la saint-Patrice, de leurs trous sortent les écrevisses .

Hors d’œuvre champêtre avant le plat de résistance.

Quelques mises-en-bouche encore.  17 mars  1040  mort de Harold 1er « pied de lièvre » (Hare foot) ainsi surnommé pour sa rapidité  non pas à détaler mais à poursuivre le gibier. Les conflits familiaux de ces premiers rois saxons  relèguent   du côté de la Comtesse de Ségur  les querelles intestines de la monarchie windsordienne. Hare –Foot est inhumé à Westminster ; requiescat in pace ? Vœu pieux : son demi-frère danois Harth Knut est revenu récupérer le royaume dont on l’avait dépouillé. Il  envahit l’Angleterre ; il  fait déterrer son corps qu’on jette  dans la Tamise mais que les soldats danois récupèrent pour l’enterrer dans leur cimetière.

17 mars 1915 Surcroît de barbarie  dans une boucherie contemporaine parfaitement organisée : l’exécution pour l’exemple de quatre caporaux normands .Motif : « refus de bondir hors des tranchées » En début d'après-midi et deux heures environ avant que n'arrive le résultat du recours en grâce qui commuait la peine en travaux forcés, sont fusillés par leurs camarades et devant le 336è R.I.:

    Louis Victor François Girard, 28 ans, né à Blairville, horloger à Paris, marié, un enfant ; Lucien Auguste Pierre Raphaël Lechat, 23 ans, né au Ferré Ille et Villaine, garçon de café à Vitré, célibataire ;  Louis Albert Lefoulon, 30 ans, né à Condé sur Vire, cheminot à  Caenà vivant en concubinage, un enfant ; Théophile Maupas, 40 ans, né le 3 juin 1874 à Montgardon Manche,  instituteur et secrétaire de mairie ,  marié, deux enfants.

    Malgré le combat  de nombreuses associations qui soutiennent les efforts de Blanche Maupas, ils ne seront réhabilités  que le 3 mars 1934 par la Cour spéciale de Justice militaire  qui estima que l'ordre donné était « irréalisable » ; le « sacrifice » ainsi demandé dépassait « les limites des forces humaines » et donc qu'« un doute subsiste sur la volonté qu'ils ont eue de commettre le refus d'obéissance pour lequel ils ont été condamnés et dont ils ne sauraient être tenus pour pénalement responsables ».

17 mars 1959.  Sauve-qui-peut d’une culture. L’insurrection des Tibétains contre la sinisation forcée a

dalai lama match

lhassa reddition des tibétains

échoué.  Chou-en-lai a ordonné de bombarder le Potala.  Le  Dalaï Lama, jeune homme de 19 ans choisi  dès l'âge de quatre ans et qui n'est jamais sorti de son palais se résigne à  s’enfuir de Lhassa à travers l’Himalaya avec des proches, dans la nuit, poursuivi par les soldats chinois pour se réfugier en Inde et sauvegarder quelque part une culture menacée de disparition. Le Potola va se couvrir de néons et se transformer en Disneyland.  Méthodes brutales et voyantes  « génocide culturel » dit le dalaï-Lama,   qui entraînera l’exode  dans des conditions extrêmes d’au moins 80000 réfugiés en Inde ou au Népal puis une vague de suicides par le feu au début des années  2000. Répression  aussi dure que celle qui sévit en Corée du Nord selon certains.  Autrement  sophistiquée  et perverse,  à coup de techniques informatiques, de stérilisations imposées, de camps de travail et d’exode rural forcé  fondé sur de doctes études universitaires ,  la disparition programmée  du peuple Ouïgour est en train de s’accomplir sous nos yeux.

tintin finir mal

Et maintenant le plat de résistance :

Chronique du 17-18-19 mars 1871. On  s’en doutait, on le redoutait et maintenant,

 

c’est fait .  Ça va mal, et ça ira de plus en plus mal. Le plus dur semblait avalé : finalement les troupes allemandes ont bien défilé sur les Champs-Élysées, dans une ville en deuil et maugréante,   contrairement à ce que veut faire croire telle gravure de propagande prussienne. Pas d’incident majeur à signaler cependant : les Prussiens ( et leurs alliés) ne seront restés qu’une journée car l’Assemblée de Bordeaux s’est hâtée d’accepter les conditions imposées par le Comte Bismarck : l’Alsace  et la Moselle dans le giron de l’Empire germanique, cinq milliards de francs à payer en trois ans, dont un milliard dès 1871 et des troupes d’occupation  (entretenues par la France) entre la Somme

 

et la Loire qui  se retireront au fur et à mesure du paiement.

      Il faut remettre au plus vite le pays en ordre de marche pour payer les fameuses

1871 En wagon Ptit Journal 19mars

indemnités.  ON rentre, députés et gouvernement.  Mais pas à Paris. Pourtant  les omnibus, le télégraphe fonctionnent à nouveau. Cependant les députés ,  en large majorité des provinciaux conservateurs  peu rassurés par l’agitation qu’on leur dit régner ou couver dans les rues de la capitale s’installent à Versailles dans un entre soi fatal, et Thiers,  le chef du gouvernement avec eux . La ligne Paris – Versailles, réparée tant bien que mal  n’aura jamais été aussi fréquentée, qui permet de prendre conscience des ravages de la guerre.  La vie reprendrait-elle comme avant ? Certes et sous ses aspects les plus fâcheux  pour la population « « industrieuse »: après six mois de quasi chômage, il faut  à nouveau payer les loyers et les effets de commerce ; plus d’indemnité aux gardes nationaux sauf aux indigents.  Graves erreurs soulignent les journaux modérés. D’autant que  la liberté de la presse  a été écornée : le gouverneur militaire de Paris a interdit plusieurs feuilles d’opposition.

Les canons

 

Montmartre parc de canons322Remettre à l’autorité militaire  les canons détenus par la garde nationale fait partie  de cette  normalisation. Pas question, pour les jusqu’auboutistes qui n’ont pas admis le traité et doutent des sentiments républicains des autorités. Faut-il compter sur les députés de Paris pour leur faire entendre raison ? C’est ce que croit le Siècle. Le reporter du Gaulois  s’est hissé jusqu’à Montmartre. Conclusion : pas de quoi vraiment s’inquiéter Il neigeait…il neigeait. Tout Paris s’est mis aux fenêtres avant-hier et hier pour voir tomber ces giboulées de mars […] mais c’étaient les artilleurs de Montmartre qui n’étaient pas contents ! Dam ! Tout n’est pas rose dans le métier d’émeutiers volontaires, surtout quand il faut veiller des canons. L’un des nôtres a tenté justement dans la journée d’hier, par la pluie, la neige et la boue, l’ascension des Buttes-Montmartre.. La place St Pierre, débarrassée de sa ceinture de barricades, est absolument déserte. Un épais manteau de neige couvre les buttes et on ne rencontre âme qui vive dans les sentiers qui mènent à la tour. Au sommet de la butte, deux ou trois sentinelles frileuses, l’arme au bras, se promènent isolées, et se détachent sur le fond gris du décor[…]  notre reporter compte une trentaine de pièces. À quelques pas de là une dizaine de citoyens causent entre eux. –Qu’est-ce que nous faisons ici ? Est-ce que ces canons-là ne se garderaient pas tous seuls ? – Qu’on vienne les chercher ! Après tout, il n’y a plus de Prussiens devant Paris, n’est-ce pas? Rendons-les à l’artillerie de la garde nationale et tout sera dit ! – Moi c’est la dernière fois que je viens […]  Nous rapportons de cette visite l’espoir consolant que l’insurrection de Montmartre ne résistera

montmartre reprise des canons

pas au froid piquant des nuits de mars. Dès l’aube du 18 cependant, tous les boulevards étaient quadrillés par l’armée régulière. À cinq heures et demie, ces fameux canons  sont cernés  par le 88è de ligne mais les chevaux pour les descendre de la Butte et les emmener hors de Paris  se faisaient attendre, contretemps (intentionnel insinuent certains) qui permet  aux opposants de battre partout le rappel et sous la pression de la foule les soldats du 88è de ligne cajolés, amadoués par les uns et par les autres ont fini par lever crosse en l’air . En effet à la jonction de la rue Lepic et de la rue des Abbesses un rassemblement de deux ou trois cents personnes au plus s’était formé, dont beaucoup de femmes et le cortège des canons s’est arrêté[…] Les lignards se sont mêlés à la foule et les conducteurs des canons, seuls contre la foule, ont rendu les pièces d’artillerie auxquelles se sont attelés des citoyens en grand nombre qui les ont traînées au pas de course à la mairie de Montmartre ( Le Petit Journal 20 mars).

  Les généraux Lecomte et Clément-Thomas

_Clément-Thomas_(1809-1871)

1871 18_3 _exécution des_généraux_Clément_Thomas_et_Claude_Lecomte,_photomontage

C’est en fin d’après-midi que, l’irrémédiable  a eu  lieu : l’exécution coup sur coup de deux généraux, Lecomte, commandant l’armée de Loire arrivée la veille et Clément-Thomas, reconnaissable à sa barbe blanche, commandant de la garde nationale durant le siège. Un photomontage les réunit devant un mur : la scène n’a jamais existé et les récits divergents de la presse ne sont pas faits pour rassurer les lecteurs. Le Figaro repris par Le Petit Journal  du 20 mars évoque un Lecomte abandonné le matin par ses troupes qui ont mis crosse en l’air , arrêté et conduit par une compagnie de gardes nationaux au  Château-Rouge où siégeait une manière de comité central. L’après-midi  Clément-Thomas venu là « en bourgeois» – peut-être pour reconnaître l’état des barricades- proteste que ce général n’a fait qu’exécuter les ordres. Reconnu, il est aussi emmené au Château-Rouge. Vers quatre heures et quart, dit la Vérité les deux victimes sont extraites de leur prison pour être conduites au sommet de la Butte[…] les prisonniers ont été conduits au n°6 rue des Rosiers [à Montmartre] . Siégeait-il dans cette maison une manière de cour martiale ? Que s’est-il passé ? Nous l’ignorons. Mais au bout de quelques minutes, le cortège est ressorti. MM. Thomas et Lecomte ont été conduits  à l’extrémité de la rue où se trouve un mur de clôture. Un officier de la garde nationale a saisi l’ex-commandant supérieur des gardes nationales au collet et lui mettant le pistolet sous la gorge : -Jurez, dit l’officier, que vous n’avez jamais trahi ni la France ni la République. Justement stupéfait d’une semblable question, M. Thomas ne répondit que par un haussement d’épaules. Cela fut sans doute mal interprété, car aussitôt les soldats et gardes nationaux firent feu et après un violent soubresaut, M. Clément-Thomas  retomba sur lui-même. Il était mort. Le général Lecomte fut obligé de passer sur le corps de cette victime. On lui enjoignit de s’adosser contre le mur. Deux minutes après il tombait également . « Le Siècle » du 20 mars appelle Victor Hugo et ses amis  du Rappel à leurs responsabilités.

1871 mars barricade rue de la roquetten324

             Victor HUGO

L’illustre, en fait, n’est plus là. Il est à Bruxelles, non pour se mettre à l’abri mais pour des raisons familiales. Le 13,  à Bordeaux, alors que lui-même vient de démissionner de son mandat de député,  son fils Charles meurt d’une crise cardiaque. Le 18 mars après-midi, il vient d’arriver  à la gare Montparnasse avec sa famille  et le corps de son fils. Lorsque le cortège, par Austerlitz et Bastille  se

dirige vers le Père-Lachaise,  des barricades sont déjà dressées partout : celle de la Roquette s’ouvre quand on apprend l’identité de celui qui conduit le deuil. Hugo s’embarque immédiatement pour Bruxelles où il lui faut régler d’urgence les dettes énormes que le fils adoré a laissées à l’insu de tous. C’est de là-bas que le député démissionnaire commente brièvement et avec retard l’actualité de Paris.

                                                                                                                                                                          24 mars L’état de Paris est 

1871 18 3 Hugo enterement p lachaise327grave, surtout à cause des Prussiens qui sont là, tenant la ville sous leurs canons. Thiers, en voulant reprendre les canons de Belleville, a été fin là où il fallait être profond. Il a jeté l’étincelle sur la poudrière. Thiers, c’est l’étourderie  préméditée. En voulant éteindre la lutte politique, il a allumé la guerre sociale.

27 mars. Clément-Thomas qui vient d’être si étrangement tué à Montmartre par une espèce de tribunal de francs-juges avait été proscrit au coup d’Etat. En février 1852, il vint me voir à Bruxelles. J’étais logé en compagnie de mon Charles, n°10 Grand Place. Clément-Thomas avait à peu près mon âge. Nous causâmes longtemps. C’était un républician sincère, mais de l’école étroite et formaliste du National. Il avait du reste pris Charles en grande amitié . Tous deux sont morts.

 

  

 Souvenirs du caricaturiste André Gill,  

Ami de Vallès, il fut un communard modéré. Il affirme avoir assisté à une partie de la scène fatale. Aucun regret : la répression versaillaise est passée par là. Il se souvient  de ce 18 mars comme d’une journée magnifique, festive, bon enfant  – c’est ce qui ressort  des  différents reportages du Gaulois. Il insiste sur le caractère accidentel de cette mort : il pense surtout aux autres morts, ceux de la répression de mai. Assurément, je ne vais pas refaire l'historique ressassé du premier jour de la Commune; il y en aurait bon besoin cependant, l'impartialité m'ayant paru étrangère à tous les récits que j'en ai lus.  Mon impression[...]une sorte de fête, une procession populaire en armes, un défilé, des mouvements de bataillons très calmes, très joyeux en plein soleil rayonnant qu'il faisait ce jour-là, une grimpée serpentante de bayonnettes sur la butte, une prise de possession illusoire du sol familier, du grand air et de la liberté […]  On avait le printemps tout neuf, cinq mois d'épouvantable misère à oublier, à savourer un facile triomphe que, le matin, M. Thiers, sachant bien ce qu'il faisait, avait ménagé aux pauvres diables jaloux de leur armement. (On connaît l'équipée des canons réquisitionnés, sans chevaux pour les emmener.)  Les gens de Montmartre y mettaient de l'ostentation, de la pavane; on jouait au soldat.

Le peuple, enfant ignorant et malheureux, toujours en défiance et qu'on pourrait mener par une franche persuasion, s'irrite et se désespère aux malices d'une diplomatie dont il se sent dupe; il résiste; la répression motivée par sa résistance, pif! paf!... on le réprime.[…] En résumé, si j'avais à synthétiser le tableau du désastre, je n'aurais qu'à me rappeler un cadavre entre autres qu'il m'a fallu enjamber plus tard, à la fin de mai. C'était un homme fusillé, les pieds au mur, la tête au bord du trottoir, le bras rejeté étendant ses doigts raidis vers une croûte roulée au ruisseau. […] Il ne s'agit d'ailleurs, en ce moment, que d'une rencontre et d'une observation que je fis le 18 mars, en compagnie d'Agricol [un de ses amis], et les voici:

Après avoir traversé Paris, déjeuné dans un cabaret de la place Blanche, exploré le quartier des Buttes, serré quelques échantillons de mains calleuses, nous repassions, pour la dixième fois peut-être, devant la maison de la Boule-Noire, quand un groupe de trois personnes attira notre attention.

Il pouvait être environ trois heures et demie ou quatre heures du soir. Près du troisième arbre, au bord du trottoir, sur le terre-plein qui règne au milieu de la chaussée, je les vois encore; ils étaient debout: un sergent de fédérés, petit, physionomie chafouine; un homme quelconque de sa compagnie, au port d'armes, et de profil; enfin, répondant au sergent et lui faisant face, un grand vieillard à barbe blanche, en pardessus gris, chap

_Gill_(autoportrait)

eau haut de forme, une canne à la main, droit, sec et propre. Silhouette étrange, inusitée, ce jour-là, dans ces parages, où ne se voyaient guère que guenilles et uniformes. C'est ce qui nous fit approcher, nous arrêter près du triangle formé par les trois hommes.   Le vieux, en ce moment, parla; je me rappelle exactement ses paroles: -Non, mes enfants, disait-il, non; vous savez bien que je ne peux plus rien être. Un passant qui vint s'ajouter à nous murmura:-Tiens! c'est Clément Thomas. Celui qui avait mené la garde nationale à Buzenval était-il sollicité de reprendre son commandement? Je ne sais.

    Il y eut un instant de silence pesant; puis l'ex-général recula, fit un pas en arrière pour se retirer, mais gauchement, maladroitement, comme incertain de son libre arbitre. Ceci est le point décisif à remarquer; j'y insiste: il ne sut point repartir.

     Je connais médiocrement l'histoire de Clément Thomas et n'ai pas pris le temps de l'étudier; mais ce geste a suffi pour me convaincre que la netteté, la franchise d'allures n'étaient point du ressort de ses vertus. En une seconde, son trouble, sa tournure embarrassée, sa retraite oblique avaient allumé la défiance du groupe qui s'était formé autour de nous, groupe qui devenait foule. Une voix cria: il faut l'arrêter! La retraite lui fut barrée; on l'entoura.

     Resté en place, interdit, je le vis disparaître, entraîné dans une masse armée et tumultueuse. Alors mon compagnon me dit:—Suivons-les: on va le fusiller. Certes, si j'avais entrevu la probabilité d'un tel dénouement, j'aurais, selon le conseil d'Agricol, accompagné la foule; évidemment nous eussions fait, pour sauver l'homme, tout ce que pouvaient deux grands garçons résolus, de stature et d'accent populaires. Mais cela était si loin de mes prévisions, de l'impression «bonhomme» du commencement de la journée, que, haussant les épaules, fatigué de promenade, je pris mon compagnon par le bras, et le ramenai dans Paris. Ce n'est que vers huit heures du soir que la rumeur nous apprit la double exécution de Lecomte et de Clément Thomas. —Tu vois! me dit Agricol; eh bien, maintenant la Commune est f....ue! (André Gill Vingt années de Paris en ligne [archive])

Et l'occupant? Tout à leur ivresse de vainqueurs, les chefs de la coalition allemande s’attendaient semble-t-il à des défilés triomphaux à Rouen ou à Amiens. Ils en sont pour leurs frais. À Rouen,  Depuis vendredi soir, moment où la population a montré pars ses démonstrations de deuil en quelle estime elle tenait les sujets de Guillaume, ils sont furieux  et il n’est sorte de misères qu’ils ne se permettent ; ils veulent nous faire payer , disent-ils, notre patriotisme. Ils ont été profondément vexés de la manière dont on a reçu le fils de leur empereur (dépêche du 14 mars in Le Gaulois du 18). Déconvenue  identique à Amiens, bien que le but de l’occupant par de  telles démonstrations ne soit  pas de séduire les populations, mais de les sidérer et surtout de   donner à ses  troupes victorieuses la satisfaction  de s’admirer dans leur toute-puissance.   Le même

1871 amiens ville morte

Gaulois, du 17 publie une lettre que le propriétaire d’un manoir dans l’Eure, M. Ch. de Bonnechose a envoyé au grand-duc de Mecklembourg « du 21 janvier au 5 mars, le manoir de ma famille vient d’abriter et de nourrir environ deux cents cavaliers de votre armée ». Dénonçant le pillage systématique dont la maison a été l’objet, il se propose d’y faire apposer une plaque commémorative et invite « tous ses concitoyens dévalisés  à en faire autant « afin qu’il n’y ait pas sur tout le territoire envahi un coin de terre où ne soit pieusement gardée la mémoire de la curée allemande .  Fanfares et parades impeccables des uniformes chamarrés ne parviennent  guère à cacher  cette réalité quotidienne sordide : accaparement des denrées, réquisitions abusives, grossièreté des manières et pillage organisé – la pendule semble une proie de choix, sans doute parce qu’elle se transporte facilement. Alphonse Daudet, dans "la pendule de Bougival", un des Contes du lundi, que lui inspirent  maints aspects de  la guerre de 1870, hisse  une de ces pendules  parisiennes enlevées par les bavarois en héroïne de la fantaisie française avec sa sonnerie cristalline qui se fait entendre à n’importe quelle heure, et bouleverse l’ordre militaire de la maison   où elle a été imp[r]udemment installée.  En Alsace, une sourde résistance s’installe, selon la Gazette de Silésie complaisamment citée par Le Siècle. La population paraît en proie à un sombre abattement 

1871 strasbourgeoises

[…] Il sera très difficile d’habituer les habitants de la ville et de la province au nouvel état de choses. D’abord beaucoup d’employés alsaciens, subalternes surtout, sont entrés au service prussien, mais les dispositions de la population sont devenues tellement agressives contre ces employés que depuis longtemps déjà personne n’ose plus accepter ni rechercher un emploi dans l’administration allemande. Les prussiens en sont donc réduits à faire venir leurs fonctionnaires d’Allemagne. Mais ce qui est d’un plus grand inconvénient, même pour les conquérants, c’est l’hostilité des instituteurs et des ecclésiastiques, qui sont placés sous une surveillance spéciale, car la plupart d’entre eux sont des agents du gouvernement français. Avec de telles analyses, le vainqueur  aura un long chemin à parcourir pour se faire admettre .   

Le passage par Strasbourg des prisonniers  français de retour de leurs camps de Poméranie suscite des

 

les deux républiques thiers le grelot

 

scènes  de sympathie intolérables à l’occupant qui se pose en  libérateur. Les convois passeront désormais par la Belgique.  À Metz, personne n’ose entreprendre de  décrocher le drapeau français qui  flotte insolemment en haut de la flèche de la cathédrale .  Petites victoires symboliques avant la grande amputation sanctionnée par le traité de Francfort. En attendant,  à Paris et à Versailles le sort se joue entre deux visions de la République , la replète  ménagère, façon Thiers, soucieuse d'ordre et  de trésors accumulés ( ne faut-il pas payer la  faramineuse dette?)  et l'autre, sèche comme un coq de combat, travailleur musclé prêt à toutes les luttes  révolutionnaires. En 1873, date de la caricature, les jeux sont faits ...  les communards ont perdus et se sont perdus mais   leur idéal perdure.

                                    -O---------o((-o-à-))o---------O-

Les caporaux normands fusillés de 1915.

Affaire des caporaux de Souain — Wikipédia (wikipedia.org)

Exode tibétain de 1959

https://fr.wikipedia.org/wiki/Exode_tib%C3%A9tain_de_1959

https://www.tdg.ch/monde/tibet-repression-s-aggravee-president-xi/story/21630377

http://www1.rfi.fr/actufr/articles/111/article_79100.asp

CLEMENT-THOMAS

Jacques Léonard Clément-Thomas — Wikipédia (wikipedia.org)

18 décembre 1870, Clément Thomas, commandant et ennemi de la garde nationale – La Commune de Paris (macommunedeparis.com)

Encore Clément Thomas – La Commune de Paris (macommunedeparis.com)

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