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terresdartois
25 décembre 2019

mes années TINTIN

December the 24th    mes années TINTIN

Beau temps à la sainte Adèle, est un cadeau du ciel. Merci le Ciel, alors. Mais si vous êtes poitevin, méfiez-vous : ce jour-là  n’entrez pas dans une écurie. Les chevaux auraient-ils le sabot plus leste ce jour-là  dans le Poitou? Adèle la  sainte mérovingienne s'entoure  d’une noble famille  aux noms plus exotiques encore (pour moi) que ceux de la Tétralogie wagnérienne. À Bavincourt Pas-de-Calais Adèle tenait un bistrot surtout fréquenté les soirs du vendredi et du samedi car elle coupait ché caviaux (les cheveux) aux mâles du village : coupe au bol pour tout le monde tandis que les conversations allaient bon train jusque tard dans la nuit.    

    

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Veillée de Noël. Dans l’attente du divin enfant, apparemment tout le monde a retenu son souffle, les uns pour naître, les autres pour mourir. Car on ne se bouscule pas pour bouger en ce 24 décembre, ni dans mon éphéméride favori qui reste presque muet, ni chez mes ancêtres.

      Ce 4  nivose – ou 3,  certaines années –  a été décrété par des révolutionnaires passablement pince sans rire ou anticléricaux à tout crin jour   du soufre. C’est l’odeur qu’a dû sentir Bonaparte lorsqu’un énorme tonneau de poudre sauta au passage de sa voiture rue St Nicaise à 20 heures. C’était le 24 décembre 1800. 29 morts sans compter la jument attelée à la charrette et la petite Peusol, la fille d’une marchande de quatre saisons qui gardait l’attelage contre 12 sous que lui avait donnés un des conspirateurs. 46 maisons détruites ou rendues inhabitables. Pour Bonaparte, sans l’ombre d’un doute, les coupables étaient les jacobins ; cela l’aurait bien arrangé mais non, c’étaient les royalistes comme l'avait découvert Fouché. IIs avaient vu grand, et minutieux sauf  qu’un léger accès de panique avait retardé l’allumage de la mèche. Et épargné la vie du premier consul.

      142 ans après, la main du jeune Ferdinand Bonnier de la Chapelle ne tremble pas lorsqu’en service commandé, il tire deux balles d’un vieux pistolet acheté peu avant sur l’ex Amiral DARLAN qu’il a attendu toute une après-midi dans un couloir du palais d’été d’Alger. Il est exécuté le surlendemain.

     D'autres images entourent le berceau du blogueur : celle de Georges Guynemer, visage poupin, vibrionnant chef de l’escadrille les Cigognes né le 24 décembre 1894. Après 53 « victoires » au moins dans des duels aériens avec des aviateurs  allemands,  il meurt à 23 ans abattu à bord de son avion en septembre 1917. Ce destin fulgurant est la face « chevaleresque » d’une boucherie que ces quatre années de commémoration  et d’itinérance mémorielle  ont largement détaillée.  Guynemer eut  le temps, apprends-je, d’avoir une liaison avec Yvonne Printemps et de laisser quelque part un enfant. 

25 jouvet agnès

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Une autre figure, ou plutôt une  voix, - inoubliable, comme son regard : celle  de Louis JOUVET né un 24 décembre 1887, conservée grâce au cinéma : Hôtel du Nord, Drôle de Drame, Quai des Orfèvres on connaît mais dans l’enregistrement historique de l’École des femmes que tout lycée de France et de Navarre avait en sa possession,   qui l’aura entendu une fois aura toujours dans l’oreille sa façon grotesque et tragique à la fois de déclarer « veux-tu que je m’arrache un côté de cheveu ? ».Un superbe natif aussi du 24 décembre, que j'allais oublier, tant il envahit l'actualité: Pierre SOULAGES, le centenaire de la lumière noire. Atteindre le siècle? Oui, mais dans quel état? ce sont les derniers kilomètres du marathon qui sont les plus longs.

      Car voici le pire pour le blogueur. Ce 24 décembre, il est atteint par la limite d’âge  qu’imposait la devise du Journal TINTIN « pour tous les jeunes de 7 à 77 ans ». II en fut un fidèle lecteur pendant plusieurs années. Grâce au courrier des lecteurs, il avait trouvé un correspondant au Niger qui lui parlait des troupeaux de son père.  Du Japon une jeune lectrice francophone lui  avait envoyé une délicate vannerie qui lui sert encore de corbeille à pain. Alfred, notre facteur ronchon et très approximatif dans ses tournées  qu’allongeaient  les stations dans les nombreux bistrots   jalonnant son parcours à vélo râlait de devoir me distribuer des lettres venues d’aussi loin. Dans les pages –magazine, pourquoi avais-je été fasciné d’apprendre que dès quatre ans le Dalaï Lama – oui, celui-là même qui sourit à tout va devant les malheurs de ses tibétains,   avait reçu un enseignement très poussé en diverses langues ? 

25 Tintin 7 77 ans

Car ce clergé  réputé  si archaïque avait remarqué, sans le secours des neurosciences,

25 dalai lama 1940

que les apprentissages les plus précoces étaient les plus efficaces. J’ai encore en mémoire la photo de ce petit gamin joufflu engoncé dans une sorte de burnous, assis en lotus sur un grand coussin, entouré de moines ridés, figés dans une génuflexion respectueuse, mais capables sans doute de  manier la férule quand il le fallait.  Et je viens de la retrouver sur la Toile. Joie et déception mélangée.

     Encore un bobard? Du moins une légende. II avait 5 ans sur cette photo prise en 1940. Ainsi donc  en 53,  quand je l’ai vue dans Tintin, c’était un ado de 18 ans ;  quant à l’anglais, il l’a appris sur le tard, au hasard de contacts avec des voyageurs venus à Lhassa. Merci malgré tout aux années TINTIN de mon enfance.   Hommage à JACOBS qui de semaine en semaine d’août 1953 à novembre 1954 entretint  un fameux suspense avec la Marque jaune et les affreux Olrik et Septimus. Et coïncidence comme j’aime : l’action se situe en décembre et le dénouement pour Noël 1953 ! Inoubliables premières pages, la terreur qui pèse sur Londres sous la pluie.  Hommage aussi à Jacques MARTIN, pas tant  pour Alix le gaulois que pour son journaliste Lefranc  accompagné du petit scout  Jeanjean sur les traces de l’infâme Axel Borg qui cachait une base lancement dans les ruines du Haut-Koenisberg . Cette base à coupole s’inspire de celle que les allemands avaient construite  près de Calais pour lancer les V2 de Werner Von Braun. C’était dans   La grande Menace je crois.  -Exact. 1952 ! À raison d’une double page à la fois,   les aventures avaient une force que perd la lecture en continu dans un album. On relisait dix fois les images, en attendant la

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semaine suivante. Nous ne connaissions pas notre chance : j’apprends qu’en même temps paraissait mais  à

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raison d’une planche par numéro et avec des interruptions  Objectif Lune  suivi de On a  marché sur la lune Ainsi suis-je de ceux qui ont découvert  ( un peu après  les belges  toutefois , qui avaient la primeur de la parution) Haddock aux prises avec l’apesanteur ou les effets de je sais plus quelle mixture sur les Dupont-Dupond : des bulles partout,  des barbes   et des cheveux rouges et verts envahissaient la moitié de la page. Puissance de ces images qui n’avaient pas de rivales, peu de foyers ayant la Télévision. Ces BD qui ont enchanté notre enfance il y a soixante ans, on a glosé  à l’infini sur elles, on continue,  (ainsi Védrines père & fils sur Olrik) sans épuiser leur dimension mythique ni leur valeur esthétique.

    Dans la parentèle de votre blogueur, aucune naissance notable un 24 décembre, hormis  la sienne bien sûr et celle de Jean-Baptiste Fleury DAUCOURT  le 24 décembre 1838, en pleine monarchie de Juillet. Un original à sa façon. Contrairement à toute son ascendance mâle depuis son trisaïeul Antoine Jean-Michel, il ne fut pas cordonnier et il  prit ses distances avec l'Arrageois. De saut de puce  en saut de puce autour de Wailly le village originel, proche d'Arras, il naît à Berneville dont sa mère était native. Mais lui  plante ses choux à Amiens, la grande cité du velours d’alors, à 50 kilomètres, tout en épousant une fille de son pays, une DELAHAYE de Gommecourt, Hermande (Armande, avec l’accent du Nord) dont la famille s’est en partie installée dans la métropole picarde. Il a choisi d’être menuisier, avec une spécialité qui suppose  la transmission de secrets de métier et un passage par les compagnons du Tour de France : il fabriquait des escaliers. On le voit témoin au mariage d’une cousine Delahaye avec Alfred BELVAUDE un couvreur qui sera conseiller municipal d’Amiens et président de l’union des plombiers-zingueurs de France en 1904. L’aristocratie des artisans  donc. Le ménage DAUCOURT –DELAHAYE a un fils qui meurt à 12 ans. Il semble être leur seul enfant. Jean-Baptiste  disparaît précocement à 41 ans  en 1880 et sa femme s’évapore dans les pages des registres – une de plus, et  c'est ainsi qu'une branche Daucourt s'étiole et meurt.

   Ce qui ne m'empêchera pas de souhaiter  un Joyeux Noël à tertous  (comme on dit chez les chtis)  !

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