Thé ou café ?
C’est paraît-il la journée du thé. Je suis café, et même parfois je bois du « NÈS » soluble à l’ancienne, « the original », avec son petit goût de caramel – ou de brûlé. La sainte officielle est Ninon. Bon. C’était le 15 décembre 37 que Néron décida de voir le jour. Calculait-il déjà comment se débarrasser de son encombrante Agrippine de maman ?
Joyeuse fête aux Mesmin : ils furent 206 entre 1940 et 1980 à honorer ainsi sans le savoir la mémoire du fondateur et premier abbé au VIème siècle de Micy dans l’Orléanais. Il aimait se retirer dans une grotte que l’on peut encore visiter me dit-on (mais fol qui s’y fie), sous l’église de La Chapelle Saint Mesmin 45380. À ne pas confondre avec St Mesmin ou Mémorius célébré du côté de Troyes un autre jour : celui-là croyait pouvoir avec quelques autres allumés éteindre les fureurs ravageuses d’Attila dans les plaines champenoises. Prénom honorable, résultant de l’évolution phonétique normale du latin Maximus « le plus/le très grand». Et pourtant, depuis 1980, personne en France n’ a osé Mesmin pour son bébé. Décadence de la France Chrétienne, grand remplacement anglo-musulman. Éric au secours !
Deux mille ans plus tard.
En 1912 naissait Tovarich Kapitaine FOCH,
autrement dit Henry FOURNIER-FOCH, petit-fils du maréchal FOCH : capitaine de chars, il est fait prisonnier en
1940 et envoyé dans un Oflag de Poméranie. En 1945, il réussit à s’en échapper pour rejoindre les lignes soviétiques en pleine offensive ; ses talents de tacticien sont largement appréciés – d’où ce surnom. Il est décoré et nommé lieutenant-colonel par le maréchal Joukov himself. Tout ce parcours rocambolesque est raconté par l’intéressé dans Tovarich Kapitaine FOCH paru en 1961 aux éditions de la Table Ronde « avec une préface de Michel MOHRT, de l’Académie Française » précise la couverture -et pendant l’Occupation distingué collaborateur de Je suis partout, le journal de Brasillach ; il était aussi l’ami d’un certain Bassompierre, membre de la division Charlemagne, fait prisonnier par les soviétiques avec d’autres SS français. Comme le monde est petit : en tant que français, Fournier-Foch fut chargé par les soviétiques de s’occuper de leurs prisonniers d’origine française, en majeure partie les « malgré nous » alsaciens-mosellans et des engagés volontaires comme ce Bassompierre qu’il aurait considéré avec une certaine indulgence, à ce que disent non sans un certain étonnement des « followers » du site HistoriKa. Site sulfureux à plus d’un titre : il fédère des anciens ou des sympathisants de la division susnommée et vous met en relation avec un autre site infecté par un cheval de Troie. Vade retro Satanas. Dieu merci, comme on dit à la « primature » des Gaules, mon anti-virus veillait. Amertume du demi-solde qu’il était redevenu ? Tovarich Kapitaine –édité par une maison située très à droite- aurait semble-t-il eu quelques sympathies extrémistes durant la guerre d’Algérie…
Des morts maintenant. Tragiques, forcément, et qui nous font voir du pays
15 décembre 1647 Lisbonne.
Sur la place du Palais, un grand bûcher est allumé face aux appartements de la Reine. Au balcon, le roi Jean IV, la reine Louise, leur fils. Sur la place toutes les autorités portugaises, l’ambassadeur d’Angleterre, le représentant diplomatique de Mazarin et quantité de lisboètes. Isaac de Castro Tartas est attaché juste au bord du bûcher pendant plusieurs heures. On espère que la peur des flammes qu’il voit et sent de si près l’amènera à se rétracter, à abandonner son judaïsme et à se convertir au christianisme. Il tient bon. Il est jeté au brasier avec cinq autres condamnés et meurt en récitant d’une voix puissante au milieu des flammes le Chema Israël
Écoute, Israël, l'Éternel, notre Dieu, l'Éternel est UN. |
Chémâ, Israël, Ado-nay Elo-henou, Adonaï Ehad' |
שְׁמַע, יִשְׂרָאֵל:יְהוָה אֱלֹהֵינוּ, יְהוָה אֶחָד. |
On dit que pendant plusieurs années le public ira répétant ces mots au point que l’Inquisition devra punir quiconque évoquerait cette profession de foi. Sa détermination est d’autant plus remarquable que longtemps il avait rusé avec le tribunal inquisitorial. Comme s’il était de taille à lutter avec ces dominicains encore plus terribles que leurs confrères espagnols! Mais aussi pourquoi se jeter dans la gueule du loup ? Sa famille, a l’instar de nombreux juifs portugais s’était réfugiée en Gascogne, à Tartas. Probablement désireux de voir du pays et de pratiquer ouvertement sa religion, comme tant d’autres il était allé aux Pays-Bas puis de là au Brésil, dans la partie occupée par la Hollande. Il aurait pu y couler des jours tranquilles et prospères mais il décida d’aller dans la partie portugaise et c’est là qu’il tomba dans les mailles du vaste système de délation et d’espionnage mis en place par les Inquisitions. Son procès dura deux années, au cours desquelles les démarches pressantes des juges n’aboutirent qu’à faire mûrir sa détermination à assumer sa foi originelle.
On reste en Amérique. Celle du Nord, avec les Sioux.
15 décembre 1890 il y a presque 130 ans, la veille en somme.
Sitting Bull le mythique chef Sioux, réduit ( voir à la fin du billet)dans une pub d'internet à un site de vente de chiffons fleuris, vainqueur comme chacun le sait du féroce général Custer à Little Big Horn en 1876. En ce jour de décembre, il refuse (sent-il le piège ?) d’aller s’entretenir avec les autorités et de sortir de la réserve où il est quasiment retenu prisonnier. On l’extrait brutalement de son tipi ce matin-là. Bousculade plus ou moins provoquée: un policier indien lui tire une balle dans la nuque. Il meurt avec treize autres de ses compagnons. Il était plus qu’un guerrier, un medecin-man, un chef spirituel. Une sorte d’Abdelkader oserais-je dire. On connaît son aphorisme, que tous les écolos du monde répètent à l’envi " La terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre"
Mes bien chers frères, et mes sœurs aussi bien sûr, en ce dimanche pluvieux et venteux de l’Avent méditons une de ses ultimes paroles
"Quel traité le blanc a-t-il respecté que l'homme rouge ait rompu ? Aucun. Quel traité l'homme blanc a-t-il jamais passé avec nous et respecté ? Aucun. Quand j'étais enfant, les Sioux étaient maîtres du monde, le soleil se levait et se couchait sur leur terre. Ils menaient 10'000 hommes au combat. Où sont aujourd'hui les guerriers ? Qui les a massacrés ? Où sont nos terres ? Qui les possède ? Quel homme blanc peut dire que je lui ai jamais volé sa terre ou le moindre sou ? Pourtant ils disent que je suis un voleur. Quelle femme blanche, même isolée, ai-je jamais capturée ou insultée ? Pourtant ils disent que je suis un mauvais Indien. Quel homme blanc m'a jamais vu saoul ? Qui est jamais venu à moi affamé et reparti le ventre vide ? Qui m'a jamais vu battre mes femmes ou maltraiter mes enfants ? Quelle loi ai-je violée ? Ai-je tort d'aimer ma propre loi ? Est-ce mal pour moi parce que j'ai la peau rouge ? Parce que je suis un Sioux ? Parce que je suis né là où mon père a vécu ? Parce que je suis prêt à mourir pour mon peuple et mon pays ? "
Une mort autrement heureuse et sereine, il y a dix ans tout juste : celle de l’assyriologue Jean BOTTÉRO, à 93 ans, après une magnifique carrière. Fils d’un ouvrier potier piémontais de Vallauris, il aura acquis sa célébrité grâce à l’argile. L’argile des tablettes séchées ou
cuites par les incendies des bibliothèques de Sumer ou de Mari. Celles-là étaient pieusement entreposées en attendant leur déchiffrage. Des milliers d’autres ont disparues durant la première guerre d’Irak : pillées
par des individus avertis de leur intérêt, et surtout consciencieusement pilées par les pneus des bombardiers américains, les autorités militaires ayant choisi pour pistes des sites majeurs de l’Histoire de la Mésopotamie, en dépit des mises en garde désespérées des archéologues. Même si ces tonnes de tablettes n’étaient que le produit répétitif d’une administration hypertrophiée et tatillonne, qui sait si l’unique exemplaire d’une épopée comme celle de Gilgamesh n’a pas disparu à jamais dans le fracas des réacteurs ? Jean BOTTÉRO ne s’est pas contenté de fouiller, de déchiffrer pour un cercle de spécialistes des écritures cunéiformes d’une complexité diabolique. D’autres avant lui le faisaient. Il a multiplié les occasions de rendre accessible au plus grand nombre les réflexions métaphysiques, les conceptions du monde et jusqu’aux recettes de cuisine de nos parents sumériens d’il y a cinq mille ans, si lointains si proches. Une belle revanche prise sur les dominicains – encore eux, capables du meilleur et du pire- qui après l’avoir initié à l’exégèse biblique et admis parmi eux s’effarouchèrent de son refus de croire à l’historicité de la Genèse : écarté de la recherche biblique puis de l’enseignement il fut finalement réduit à l’état laïc : en d’autres temps, il aurait été passible du bûcher. Privé d’Écriture Sainte il se consacra aux cités qui avaient prospéré des siècles auparavant sur ces terres de Mésopotamie et dont les systèmes de pensée et la littérature avaient nourri – c’est seulement alors qu’on s’en rendit compte- les rédacteurs et les prophètes de la Bible, la sagesse égyptienne et les spéculations des philosophes grecs. Chassé par la porte, il est revenu triomphalement par la fenêtre ; un beau pied de nez
Pendant ce temps,
Loin des sites prometteurs de la Mésopotamie, loin des prairies du Dakota,
Dans la France du Nord, au pays noir hérissé de terrils, à Méricourt Pas-de- Calais près de Lens,
lorsque le site du Louvre-Lens était encore un carreau de mine,
des hommes blanc chti, plutôt des gueules noires, croyaient au rêve américain. Ils n’étaient pas nombreux. Mais il y en avait chez les DEAUCOURT, la branche des mineurs.
15 décembre 1897. Gustave Zéphir DEAUCOURT déclare à Vendin-le-Vieil des jumelles : Robertine née la première et Marie qui meurt à six semaines. Lui et sa femme Azélie Delabre se retrouvent à 37 ans avec 4 enfants. Ils bougent beaucoup, dans un rayon restreint d’une mine à l’autre : Bully-les-Mines, Liévin, Vendin-le-Vieil, Rouvroy, Méricourt enfin, peut-être à la recherche de meilleurs conditions de travail. Sans doute aussi pour combler une insatisfaction profonde: son service militaire accompli par choix ou par obligation, dans l’infanterie de marine lui a fait découvrir du pays : l’Afrique, le Tonkin. Redescendre dans la mine pour gagner son pain n’a pas dû être facile. Alors, on ne s’étonnera pas qu’à 45 ans bien tassés, il tente le coup de l’émigration en Amérique. Il part sans sa famille, comme en reconnaissance, en compagnie d’un autre mineur de Méricourt, Henri BERTIN. Celui-ci a tout juste la quarantaine mais le même pedigree :