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terresdartois
27 novembre 2018

Waouh! Walburge?

Waouh ! Walburge ?

 

            

walburge St Pierre de munich reliquaireQue ceux qui connaissaient l’existence de ce prénom ou qui en ont déjà rencontré une (c’est féminin) lèvent le doigt! Personnellement, j’ai fait coup double : Walburge GOTTRAN (1671-1747) épouse de David DACHEUX, Walburge LANTOINE (1681-1754) mariée à Pierre BRASSART. Elles sont contemporaines, elles ont toutes les deux vécu à Bavincourt, Artois. Elles devaient se rencontrer, à l’église, au lavoir, au détour d’un chemin, au puits : elles échangeaient quelques mots ou partaient en de longs conciliabules en patois (en picard, pardon) petite coiffe sur la tête…Je viens même d’en

walburg tapiss 1460traverse la mer du Nord avec 5 compagnes

retrouver  une troisième, Walburg Gottrant, toujours de Bavincourt, mariée à Nicolas CAUWET. Je connais ses parents, une kyrielle de cousins ; je peux la situer  relativement à d’autres mais impossible de l’accrocher à une date précise ni d’affirmer si elle est liée ou non à la première.

              Les sites spécialisés disent tout de la vie semi-fictive de Walburg(e) princesse saxonne qui quitte l’Angleterre à l’appel de St Boniface pour évangéliser les Saxons du continent. Avec cinq compagnes, elles traversent la mer du Nord : une tapisserie de la

walburge géograf

Renaissance raconte l’épisode. Ses reliques se retrouvent un peu partout : à St Pierre de Munich, à Liège où un quartier porte son nom, à Furnes, à Bruges. Des églises lui sont consacrées en Alsace, en Flandre française. La popularité de ce prénom aux consonances si peu picardes a toujours été mince, particulièrement en Artois, mais avec des sursauts réguliers qui surprennent.

                 Dans les deux cas rencontrés, comme d’habitude, impossible de trouver une explication à ce choix original: la troisième, est-elle parente de l’une ou l’autre? une marraine peut-être ? Mais les actes de baptême sont hors de portée. Difficile de reconstituer l’entourage faute de registres antérieurs à 1737.Heureusement les bombardements  de 14-18 ont épargné les archives de certaines études d’Avesnes–Le-Comte, le futur chef-lieu de canton où dès le XVIIIè siècle, les paysans de Bavincourt allaient régler leurs affaires, plutôt qu’à Arras.

                       Le samedi 22 juillet 1747 (jour de marché peut-être à Avesnes-le-Comte) une partie de Bavincourt  a fait le déplacement : Walburge LANTOINE  veuve de Pierre BRASSART  accompagnée de son beau-frère François BRASSART et de ses enfants Louis, Simon, Marie Jeanne, et Anne Joseph   sont chez leur notaire.  Sont également de la partie le cabaretier Pierre DERUY accompagné de son frère Nicolas,  sa femme Marie-Madeleine COCQUEL  et leur fille Marie Jeanne DERUY. On va dresser un contrat de mariage concernant Simon BRASSART et Marie-Jeanne DERUY mais auparavant, il s’agit de faire un arrangement chez les BRASSART : maintenant que l’aîné se marie, on va clarifier une situation restée en suspens depuis  le décès du père 6 ans auparavant en 1741. Les garçons et les filles renoncent entièrement à leur part d’héritage (maison et autres bâtiments, biens meubles) au profit de leur mère. Ainsi maman Walburge peut se considérer à l’abri du besoin, des humeurs de ses futures belles-filles ou de ses gendres.

lantoine Walburge arbre

Ce genre d’acte est un régal pour le généalogiste : une véritable photo de famille avec tous les noms, sans les visages malheureusement mais à quoi sert l’inverse, ces magnifiques photos de mariage qui rassemblent les deux clans sans qu’on puisse mettre un nom sur quel que visage que ce soit ? Rendons ici hommage à l’équipe de bénévoles qui m’ont permis de trouver  si facilement ce document : Jean-Claude Hérent qui a patiemment photographié une par une des centaines de pages (recto-verso), Daniel Morand qui les a déchiffrées et transcrites (et les  écritures de notaire sont aussi lisibles que celles des médecins) et l’Association Généalogique du Pas-de-Calais qui a édité tout ce travail (AGP AD du P-de-C 4E33 1735-1756 N°83,84)

                Comme tous les rats de bibliothèque qui fouinent pendant des jours dans les cartons verts des archives, j’ai parfaitement conscience du service inestimable qui est ainsi rendu car  pour l’autre Walburge, si j’ai aussi le même genre de document, c’est à la chance que je le dois  ou du moins à un patient, fastidieux dépouillement de liasses. Fastidieux ? Oui si on s’est donné un but précis : autant chercher une aiguille dans une botte de foin, sans être sûr d’ailleurs que l’aiguille existe. Gratifiant  en réalité -si l’on n’est pas pressé : on butine, on fait son miel, on tombe sur des raretés,  on compte sur le hasard  (mais avec un œil de buse) qui vous fait trouver ce que vous ne cherchiez pas  (la fameuse sé-ren-di-pi-té), on engrange (au cas où…). Un jour d’avril 2010, campagne de fouille organisée aux Archives départementales d’Arras, centre Mahaut d’Artois. La batterie du Lumix est rechargée. Installé près des larges baies je profite de la lumière du jour. Il faut rentabiliser la journée. Je parcours les  grands feuillets, la pupille dilatée sur quelques noms dont j’ai la liste devant moi : GOTTRAN, LANTOINE, LECLERCQ, LEBAS etc. Regard de lynx : repérer,  photographier, tourner la page, passer à un autre acte…. Retour à la maison, légender, classer,  déchiffrer et transcrire au fur et à mesure… lassitude.  

wal dach c-001

Déchiffrer ? Décrypter plutôt: Walburg  Gottran m’a donné du fil à retordre. Elle n’est pas le personnage central, seulement la sœur de la mariée.  Mais avec ce contrat du 20 juillet 1690 qui court sur 10 pages,  je tiens ma récompense : les Lantoine et les Leroy  au grand complet : sœurs, beaux-frères,  frères, belles- sœurs, parents, une description détaillée de la dot (en avance d’hoirie) : boitelées, mesures, razières de bled s’accumulent ;  de l’autre côté inventaire  modeste d’un atelier de charpentier, et le détail des frais de banquet de noces et autres. On prévoit même les dispositions pour des funérailles éventuelles (AD 62 4E32-6 20 juillet 1690)!

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