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terresdartois
7 décembre 2017

6 Décembre St Nicolas

                     

décembre almanach073

 Ce mois-ci encore, pour mon frontispice,  j’ai puisé dans « Les Saisons et les Mois »  "conformes aux programmes de 1890". CUISSARD & CAVAYÉ, les auteurs  de ce livre de lecture pour le CE, sont durs avec  les jeunes troupes – peut-être d’ailleurs à moitié endormies par les émanations d’oxyde de carbone du poêle qui trône au milieu de la classe – classe unique bien sûr pour que le bonheur nostalgique soit parfait. Pas d’échappatoire, pas d’illusion, pas de rêve. On vous le répète, jeune public : tout va de mal en pis sous le signe du Capricorne. Pas de chance, c’est le mien. Sa réputation n’est pas très bonne. Il n’empêche : lors d’une réunion de bureau de mon syndicat d’enseignants, nous nous sommes aperçus que les capridé.es astrologiques étaient majoritaires. La.le Capricorne paraît donc avoir des dispositions pour l’action altruiste ou revendicative. De toute façon, jusqu’au 22 c’est le Sagittaire qui régente nos vies.

nicolas_épinal enfts bateau

 

     En attendant le passage en Capricorne comme dirait Madame Soleil,  et les joies commercialisées de Noël, aujourd’hui c’est le 6 décembre et c’est fête pour un certain nombre d’initiés (ou de privilégiés) de par le monde. C’est La Saint Nicolas. Vous saurez tout,  tout, tout  sur Saint Nicolas grâce au lien en fin d’article (sur ce blog, on n’arrête pas le progrès). Quand j’étais petit (peu après la guerre),  dans le Pas-de-Calais on fêtait  la St Nicolas, comme un avant-goût de Noël, un pendant pour les petits garçons de la Ste Catherine des fillettes. Je me souviens d’une petite trompette bleue en métal (le temps du plastique n’était pas encore arrivé). Avec cette trompinette, j’ai dû casser les oreilles de mes parents et de ma petite sœur pendant un bon moment! À Lille, dans les années soixante, quand les facultés étaient encore intra-muros, en dehors des manifestations  contre l’OAS ou contre le coup d’État manqué d’un « quarteron de généraux en retraite »,  pas une St Nic sans fiestas carnavalesques organisées par les étudiants en faluche.  C’est à cette  seule occasion que j’ai vu apparaître cette sorte de large béret rappelant par sa forme une brioche  du même nom, typique du Nord.

     Saint Nicolas, un saint multicarte  protecteur,  entre autres  patronages, des enfants et des écoliers (et donc des étudiants) mais aussi des marins comme on voit sur l’image

Cap breton église Psautier NicolasAoût 04 002

d’Épinal. Quantité d’églises en France sont placées sous son  invocation, celle de Cap-Breton par exemple, et son clocher-phare. La légende des

chanson 3 ptits enfts

trois enfants sauvés du saloir par St Nicolas est très ancienne : un psautier du XIIIe siècle en donne une représentation saisissante de contraste entre les obliques  pour dire la violence de cette hache brandie sur les enfants endormis et le geste si simple mais tout-puissant de la main soulignée par l’épaisse verticale bleu foncé de la porte de ville  et les plis majestueux du costume épiscopal d’un Nicolas  omnipotent de zen’attitude malgré l’espace réduit qu’il occupe sur la droite. Nerval a recueilli la chanson en 1842 ; je la connaissais par coeur quand j’étais petit . Pour ceux qui voudraient la chanter, ou cultiver l’esprit d’enfance j’ai

St nicolas -MYRA_

mis un lien en bas vers un site tout à fait charmant. Le rythme  de la chanson y est trop guilleret  à mon goût: dans mon souvenir la légende était  pleine de mélancolie malgré le miracle final. Plusieurs petites animations inventives l’accompagnent. À Myra dont il était évêque – en Lycie près d’Antalya- on peut encore visiter son église ; elle date   du VIIIe; elle a été fortement restaurée mais l’endroit est émouvant pour  les amateurs d’archéologie et les dévots du saint comme moi. Et j’apprends à l’instant que cette église byzantine, les Turcs l’appellent Noel baba kilisesi « église du père Noël ». Trop fort comme diraient les jeunes (mais je date déjà certainement).

                 6 décembre: 15 frimaire dans le calendrier républicain (ou révolutionnaire). Nous serions le 15 frimaire 226. Je pense à une autre révolution- ratée,  à un autre Nicolas, certainement pas un saint.  La révolution ratée, insurrection plutôt, c’est celle de la Commune qui sombre dans les excès des deux parties et cette  Apocalypse de la semaine sanglante.

elle n'est pas morte chanson

Entre 10.000 et 25.0000 exécutions sommaires, viols et meurtres de communards.  Un épisode, une répression

commémorative

avec lesquels la République n’a jamais été très à l’aise. Ce Nicolas auquel je pense, c’est celui qu’apostrophe Eugène POTTIER. il avait déjà à son actif l’Internationale. Moins tonitruante mais plus émouvante, la chanson intitulée  Elle n’est pas morte a été écrite pour les quinze ans de la Commune en mai 1886 et dédiée aux survivants de la Commune de Paris. Le refrain répète en incantation: Tout ça n’empêche pas Ni-i-icolas /qu’la Commune n’est pas mo-o-OOrte. Il faut avoir la foi – du désespéré. Sont épinglés quelques anticommunards notoires, Maxime du Camp, le compagnon de voyage de Gustave Flaubert en Orient, plus à l'aise avec ses plaques de verre au pied des pyramides que dans les rues de Paris assiégé  et Dumas, le fils  jugeant en ces termes  choisis les communardes : Nous ne dirons rien de leurs femelles par respect pour les femmes, à qui elles ressemblent quand elles sont mortes. Cette animalisation m’en rappelle une autre, bien connue, de Brasillach : il faut se séparer des juifs en bloc et ne pas garder de petits (« je suis partout » 25-9-1942).

     

ogeret pochette

 Marc Ogeret chante la chose avec l’énergie militante qu’il faut, tout comme une autre aussi désespérée, La semaine sanglante de Jean-Baptiste  CLÉMENT, écrite, elle, juste au lendemain de la répression.  Mais je m’égare. Qui est ce Nicolas ? En fait, comme il arrivait souvent à une époque où les droits d’auteur étaient encore dans les limbes, pour aller vite et être sûr d’être chanté,  dans le vaudeville par exemple, les paroliers reprenaient un air connu. Le procédé est  bien connu des chansonniers de tous les temps. Ici,  dixit Wikipédia, il s’agit de t’en  fait pas Nicolas d’un certain Victor PARIZOT, un des fondateurs –ironie du sort- de la SACEM. Compositeur entre 1840 et 1863 de musique pour chansonnettes et vaudevilles, son univers à en juger par quelques titres est à des années-lumière   de l’évocation tragique d’Eugène Pottier : La mère Michel aux Italiens, Je suis enrhumé du cerveau, J’suis donc pas amoureux.

    Donc finalement, ce Nicolas interpellé par Pottier n’a d’existence révolutionnaire et communarde que par la grâce d’une chansonnette bien connue du public d’alors. Sans être rare le prénom n'a jamais été d’un usage banal. La moitié sud de la France et la Bretagne l’ignoraient dans l’ancienne France.  Il était  très populaire en Lorraine et relativement répandu à Paris  du fait  qu’il se rencontrait facilement  dans les provinces aux alentours: Normandie, Picardie, Beauce, Brie, Artois, grands foyers  d’immigration dans la capitale.

Nicolas de Myra, une figure presque parisienne. Un communard? My God!Ce ne serait pas pire que ma trouvaille de l'instant, dont l'intitulé m'a révulsé

chic commune

 Et voici les liens promis:

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Myre_(Turquie)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_de_Myre 

http://www.lexilogos.com/saint_nicolas_chanson.htm 

http://www.commune1871.org/?Quelques-chansons-communardes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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