Z comme ZAYONNET 30 juin 2017
Pour la dernière lettre de ce challenge, une fin en beauté avec ZAYONNET. Honneur aux ZAYONNET bien vivants d’aujourd’hui qui apparaissent sur Internet. Je parie qu'ils ne se doutent pas de leur privilège extraordinaire: on sait exactement où et quand est né le premier porteur du nom. Car ce nom est tout récent; il est arbitraire ; il est unique. Il est apparu dans le Pas-de-Calais au 19ème siècle et ne s’est guère répandu ailleurs: il se situe au 353947ème rang ds noms de famille en France
26-5-1818 à midi N°52 Par devant nous Augustin Benoït Joseph Linque adjoint au maire d'Arras le sieur MONVOISIN a déclaré en mairie qu'hier à 9h du soir il a recueilli au tour un enfant du sexe masculin nouveau-né qu'il a présenté n'ayant sur le corps aucun signe distinctif. Nous l'avons inscrit sous le nom ZAYONNET et le prénom Jules et ordonné qu'il soit remis à l'administration des hospices d'Arras de quoi nous avons dressé acte en présence de Henri Demazières et de Constant Vauclin témoins majeurs demeurant à Arras lesquels ont signé (AD 62 Arras 5MI 041-34 vue 1063)
Augustin LINQUE a ainsi nommé et prénommé nombre d’enfants trouvés selon une logique qui m’échappe : pas d’ordre alphabétique apparent : les garçons précédents se nommaient Audorant, Pondé, Féron ; les suivants Calicot, Longet. Puise-t-il, selon l’inspiration du moment ou d’après quelque indice physique, dans une liste établie par avance de noms inventés selon un procédé oulipien ou surréaliste avant la lettre? Dans les années 1830, à Arras on composait des anagrammes à partir d'une base: par exemple ARFIB, BAFIR,FIBAR,BAFRY,RIFAB oou bien OLFRY,FILOR, LOREF,LEFOR ( recherche de Jean-Pierre ARFIB sur son nom) Rien de tel ici; le mystère reste entier.
Les ZAYONNET ne font pas partie de ma famille. Pour moi, ce n’est qu’un nom, frappant, comme une zébrure, un fouet qui claque et en même temps pas très redoutable, à cause de ce diminutif aimable. Comment m’est-il entré dans l’esprit ? Par l’arrière-grand-mère Mélina dans ses conversations avec sa fille Lucienne. Il m’avait frappé, de même qu’un autre, HÉRISSÉ. Elle les associait souvent et pour cause.
Ce HÉRISSÉ dont elle parlait, Théodule, était le mari de sa tante. Il était maçon et venait de La Cauchie, le village situé de l’autre côté de la route nationale. Il était aussi le beau-frère d’un ZAYONNET, Alfred, charron à La Cauchie également. HÉRISSÉ (ou HÉRICÉ) n’est pas du tout un nom inventé mais l’extraordinaire, c’est que l’ancêtre qui le portait, Pierre-Claude était aussi un enfant de l’Assistance, non pas enfant trouvé mais enfant abandonné sciemment, confié dans des circonstances inconnues aux Hospices de Paris et mis en nourrice à Humbercamps au début de la Révolution. Or Jules ZAYONNET, le père d’Alfred est aussi passé par Humbercamps: tout en menant une partie de sa vie à Berles-au-Bois où il a trouvé femme et vécu un temps, il a fini par s’installer à Humbercamps. Un autre lien que je découvre à l’instant avec ma famille maternelle et qui explique que le nom de ZAYONNET devait assez souvent revenir dans les propos que j’entendais tout enfant: Marie la dernière fille de Jules ZAYONNET se marie avec un THUILLIEZ proche parent de mon arrière- grand-père Lucien, le mari de Mélina.
C’est un peu embrouillé mais ça ne fait rien: dans ces petits villages distants de quelques kilomètres, tout le monde était peu ou prou parents. Finalement ces ZAYONNET , ces Hérissé arrivés là par hasard, ou plutôt par les malheurs de leurs géniteurs, après avoir pu surmonter les rudes conditions d'existence de leur petite enfance avaient réussi à se faire une place dans les réseaux compliqués de ceux qui n'avaient jamais bougé que de quelques kilomètres en deux ou trois siècles