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terresdartois
17 juin 2017

O comme OLIVE

 

 

O comme OLIVE   samedi 17 juin

  

Oliv 1863 sign M x lcq

C’est un nom qui m’a amusé, un goût de Provence dans ces villages pluvieux

oliv arbr

et crottés de l’Artois. L’INSEE me dit qu’on trouve essentiellement les OLIVE dans les Pyrénées Orientales, l’Aude et les Bouches-du-Rhône. Je m’en serais douté. M’intéresse aujourd’hui  Augustine Joseph OLIVE  originaire de Bienvillers-au-Bois par son père (maçon fils de couvreur en paille), de Berles-au-Bois par sa mère (fille et petite-fille de ferronnier), à quelques encablures de Bavincourt, mon village familial.

 

C’est un personnage secondaire dans ma famille maternelle, la seconde femme (ou la deuxième c’est une partie du problème) de Jean-Baptiste Joseph LECLERCQ (Berles 1838-1902), père de Lucien Amédée Jean-Baptiste (Berles 1863- Bavincourt 1942),  mon arrière-grand-père maternel. Jusqu’à ce jour, je m’étais peu intéressé à elle. J’ai découvert une réalité bien différente de l’image  que je m’en faisais. Cultivant les clichés, je la voyais en affreuse marâtre mettant quasiment dehors  grand-père Lucien, le forçant à tout le moins à gagner son pain tout jeune.

oliv 1864 lcq jbp sign

      La mère de Lucien, Octavie Palmire « Aurélie » était en effet morte des suites de ses couches un mois après la naissance de son fils, juste un an après son mariage. On est chez Zola.

oliv 1862 Thuill M

Aurélie, native de La Cauchie  avait quatre frères; le père était mort 10 ans avant, cabaretier  mais surtout indigent secouru par la commune. Elle savait signer. Jean-Baptiste son futur, aussi. Ouvrier charpentier, il avait pu la rencontrer au cours de ses chantiers. À l’époque de son mariage,  il vivait avec sa mère, veuve depuis peu d’un mari charpentier également. Fils chéri certainement, venu après 13 ans de mariage et trois sœurs dont je ne sais pas grand-chose.

     C’est ici qu’OLIVE Augustine entre en scène comme seconde épouse. Car le remariage n’a pas traîné : six mois après la mort d’Aurélie. C’est qu’il faut s’occuper du petit Lucien : il n’a que six mois   et  la grand-mère va sur ses 67 ans. La vie n’a pas dû être rose pour cette jeune mariée de 21 ans, mère et épouse de rechange: difficile de trouver sa place  sous la surveillance constante d’une belle-mère peu encline à céder de ses prérogatives dans SA maison. Au recensement de 1866, deux ans après le remariage ce petit monde habite toujours la maison familiale rue de l’Église, dans le Petit Berles.

     Lucien a 3 ans : est-il choyé ou fait-on peser sur lui le reproche d’avoir causé la mort de sa mère ? Augustine sa belle-mère de 23 ans est-elle devenue la Cendrillon de la maison sous la férule de Marie-Catherine BAUCHET, ou bien a-t-elle su s’attirer les bonnes grâces de celle-ci?  Tous les scénarios sont à envisager mais il y en a un que j’étais loin d’imaginer avant ce challenge qui m’a incité à retravailler le dossier: la faire se volatiliser  du film sans tambour ni trompette. C’est ce que me force à constater le recensement de 1872 : le clan LECLERCQ est réduit à son trio de base et l’Augustine m’échappe. Morte, c’est possible encore qu’elle soit bien jeune ; peut-être  à la suite d’une grossesse difficile? Car curieusement le remariage est resté stérile mais aucune trace à Berles ou à Bienvillers (je n’ai pas cherché plus loin pour l’instant car le temps pressait). Ces « disparitions » sont toujours frustrantes et même vexantes : elles font négligé dans un arbre qu’on aimerait le plus peigné – c’est-à-dire complet – possible. Il y a là de la part de NOS

oliv cart cassini Bienvillers Berles

morts un scandaleux manque de tenue. Mais je l'aurai, je l'aurai...

     

olib berl o b

            Je ne suis pas au bout de mes surprises –elles sont toute fraîches car c’est hier seulement que je me suis mis à exploiter à fond ces recensements qui sont de véritables photos de famille prises tous les cinq ans. En 1872, une nouveauté: âgée de 83 ans la mère de Jean-Baptiste ne peut plus tenir un ménage ; on a donc embauché une « servante » de 42 ans, Pauline CARPENTIER native de Grévillers (près de Bapaume à 20 kms au Sud-Est ; on passe par Achiet-le-Petit et Bienvillers; il faut quatre bonnes heures à pied). L’année suivante la matriarche meurt et au recensement  de 1881, Lucien (17 ans) a disparu « remplacé » par  Aurélie, la fille de 4 ans de la « domestique » Pauline CARPENTIER. Je ne puis consulter pour l’instant les archives en ligne du Pas-de-Calais dont le serveur déraille mais cette gamine née juste après la disparition de l’ancêtre et baptisée du nom de la première femme de Jean-Baptiste est probablement fille de ses œuvres mais il n’est pas allé jusqu’à la reconnaître   Aux recensements suivants elle est « ouvrière agricole » et Aurélie grandit au foyer. Ce n’est qu’en 1901 que la fiction cesse: en compagnie de Jean-Baptiste sont recensées Pauline 66 ans « vivant maritalement avec le chef de ménage » et Aurélie 22 ans « fille de la précédente »  qui travaille chez un agriculteur du village. J’ignore où Lucien s’est installé et embauché lorsqu’on lui a fait sentir  - ou que lui-même a compris- qu’il était de trop dans sa maison. À 19 ans il fait son service militaire dans les Zouaves au Tonkin. A-t-il rompu avec son père ? Il est domicilié à Berles-au-bois lorsqu’il se marie en 1888 mais ce n’est qu’une situation administrative. En tout cas son père n’est pas cité dans les témoins – ce qui ne prouve rien, je l’accorde.

Dernier rebondissement, tard dans la soirée d’hier (bonne inspiration: aujourd'hui le serveur des Archives du Pas-de-Calais fonctionest paralysé). Lucien LECLERCQ est venu lui-même depuis Bavincourt  peut-être la veille. A la mairie de Berles il déclare le 31 mars dès 8 heures du matin le décès de son père survenu la veille à onze heures du soir. Gros émoi quand je lis l'acte: le maire écrit sous le contrôle du fils, présent,  LECLERC Jean-Baptiste Joseph veuf d’Augustine RÉMONT. Ultime avatar de la pauvrette. Une erreur, j’en suis sûr à 100% (presque) mais grossière. D’où vient-elle? 1°) L’acte n’a peut-être pas été relu et le Maire est sourd (cela arrive ! Anecdote personnelle: ma mère  que son père  breton voulait prénommer Yvonne en l’honneur de son frère Yves a été affublée pour la vie d’un improbable Hélyonne par un maire dur de la feuille et qui n’a pas voulu en démordre). 2°) Le déclarant est déstabilisé, ému, confus… ou mal réveillé et inattentif.  La preuve: il commet un énorme oubli en omettant de dire que son père est veuf en premières noces de sa propre mère Aurélie Thuilliez! A-t-il créé une confusion dans l'esprit un peu endrmi du maire en évoquant le père d'Augustine prénommé Raymond   et des RÉMONT qui existent à Bienvillers souvent associés aux OLIVE

Pauvre existence évanouie si tôt, effacée dans son ménage, niée par deux fois dans les registres. Cela fait beaucoup.  En lui consacrant la lettre, j'ignorais que j’allais lui redonner une petite chance de résurrection.

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